Bassirou Diomaye Faye a forcé l’histoire politique en devenant le plus jeune président de la République. Personne ne croyait que le numéro 2 du Parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) avait un tel destin. N’étant pas très préparé, il pourrait avoir des difficultés à diriger. Heureusement pour lui, il pourra compter sur le soutien de son mentor politique, Ousmane Sonko. Le maire de Ziguinchor est sûrement le vainqueur du long duel qui l’a opposé au président sortant, Macky Sall. La «révolution» des patriotes a bien fait son effet.
Ousmane Sonko est l’artisan du fameux «projet» de Pastef. Depuis son arrivée sur la scène politique, le patriote en chef n’a cessé de théoriser ledit projet. Cherchant à le concrétiser coûte que coûte, il a tenté d’être président en 2019. Malheureusement, il a échoué. 2024 devait être son année, mais le maire de Ziguinchor a raté le top départ. Sans réfléchir aux conséquences, il s’est radicalisé face au régime de Macky Sall. Accusé de viols et menaces de mort, il a crié au complot et lancé un appel à la résistance. De violentes manifestations éclatèrent en mars 2021.
Depuis lors, Sonko s’est braqué contre le régime de Macky Sall. Des sorties qui lui ont valu un séjour en prison. Mais cela n’a pas empêché les jeunes de continuer la contestation. Même si le flux a drastiquement baissé depuis mars 2021, certains ont continué de se battre pour leur leader. Les manifestations enregistrées depuis cette année ont fait plusieurs morts et de nombreux blessés un peu partout sur le territoire national. Quand les jeunes se lançaient dans la rue, aucun appel au calme ne pouvait les arrêter. Le PROS (Président Ousmane Sonko) est la seule personne qu’ils écoutaient
Sachant que la voie de la rue ne passera pas, Ousmane Sonko a changé de tactique. Ces derniers discours ont été moins virulents. Les négociations entreprises par Alioune Tine et Pierre Goudiaby Atepa lui ont permis de revenir dans la course sans faire le moindre effort. Le maire de Ziguinchor est, non seulement, sorti de prison avec un casier judiciaire vierge. Mais il a réussi à faire sortir de prison la majorité de ses soutiens arrêtés depuis mars 2021. Une véritable stratégie politique. Mais à quel prix ? Les mois ou les années à venir nous édifierons certes. La seule chose à retenir de cette affaire, c’est la manière dont Sonko a détourné toutes les attentions.
Le PROS (Président Ousmane Sonko) savait que l’Etat ne le laisserait pas candidater. Surtout après ses nombreux appels à la violence. Il a pratiquement défié toutes les couches de l’État. Il savait pertinemment que cela ne serait pas sans conséquence. Et pourtant, il a continué de plus belle. C’est à se dire que Sonko a compris ses erreurs. Pour sauver le projet, il lui fallait un nouveau porteur. Le seul qui faisait l’unanimité était sans doute Bassirou Diomaye Faye. Avec le cumul de mandat, Birame Souleye Diop était mal vu par certains patriotes. Abass Fall, quant à lui, n’avait pas le bon profil. Alors, il ne restait que celui qu’on qualifiait de novice politique.
N’eut été sa sortie contre les magistrats, Bassirou Diomaye Faye ne serait sûrement pas passé par la case prison. Même s’il n’est pas taillé pour le poste présidentiel, le nouveau chef de l’Etat a toujours soigné sa communication. Il est l’un des rares membres de Pastef à ne pas déraper dans son discours. Alors si Sonko a fait de lui son plan B, ce n’était pas fortuit. Il savait pertinemment que Diomaye allait réussir là où le PROS a échoué. C’est ainsi que le maire de Ziguinchor en a fait le seul porteur du projet. Maintenant qu’il est devenu président, reste à savoir comment la gestion du pays se fera face aux urgences de l’heure.
Ousmane Sonko est devenu un véritable génie politique. Il a réussi sa révolution pour 2024. Même si la rue n’avait plus répondu à ses appels à la défiance, il a fait passer le projet. Et celui qui le porte est loin d’avoir le profil des anciens présidents de la République. Désormais les patriotes sont aux commandes, ils ont trois (3) mois pour faire leurs premières preuves. Les sénégalais, comme nous le savons tous, ne sont pas de nature patiente.
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru