La présidence sénégalaise de l’Union africaine et des sujets politiques domestiques au menu
La 36ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, qui s’ouvre ce samedi à Addis-Abeba (Ethiopie), a du mal à casser la prééminence des sujets politiques domestiques dans les quotidiens.
La livraison du week-end de la presse quotidienne est toujours autant inspirée par l’actualité politique, de nombreux titres revenant sur les « tensions » notées ces derniers jours.
« Macky Sall place la barre haut », affiche le quotidien l’As au sujet de la présidence sénégalaise de l’Union africaine, qui prend fin à l’issue de la session ordinaire que les chefs d’Etat avec la session ordinaire vont tenir ce week-end dans la capitale éthiopienne.
« À l’heure du bilan, il faut reconnaître que le président de l’Union Africaine Macky Sall a marqué son passage à la tête de l’organisation continentale, alors qu’il avait en face de lui la Covid et la guerre en Ukraine. Il est le seul président africain à avoir rencontré Vladimir Poutine qui a donné une réponse favorable à toutes ses demandes, avec l’histoire des céréales’’, écrit le journal.
L’As fait référence au voyage effectué par le président de l’Union Africaine en juin 2022 à Sotchi (Russie), un déplacement au cours duquel il s’était entretenu avec le président russe, Vladimir Poutine.
Lors de cette rencontre avec M. Poutine, Macky Sall, président de l’Union Africaine, avait demandé à ce dernier de tout faire pour autoriser la reprise des exportations des céréales ukrainiennes, dont la sortie avait été bloquée à cause de la guerre.
L’As rappelle qu’au cours de son mandat à la présidence de l’Union africaine, le chef de l’Etat sénégalais avait il avait également ‘’obtenu l’accord de beaucoup de puissances occidentales pour l’entrée de l’Union Africaine au G20’’.
Un bilan pouvant en cacher un autre, la secrétaire générale du Parti socialiste (PS), à son tour, fait le point sur le compagnonnage entre la formation qu’il dirige et le pouvoir. ‘’Nous sommes tout à fait à l’aise et fiers du bilan du président Macky Sall que nous assumons entièrement’’, dit-il à la une du quotidien Le Soleil.
Sauf que certains journaux, à l’image de Enquête, s’inquiètent des ‘’tensions politiques maximales [enregistrées] au Sénégal’’ depuis quelques jours, quelques semaines et peut-être même quelques mois.
‘’La montée des périls’’, affiche à ce sujet Enquête. ‘’Le Sénégal vit des heures inquiétantes, à l’approche de l’élection présidentielle’’ de 2024, écrit ce journal, selon lequel l’Organisation nationale des droits de l’Homme (ONDH) du Sénégal invite les acteurs concernés à ‘’déployer les efforts nécessaires pour que la paix règne dans ce pays’’.
L’Observateur pointe à cet effet des ‘’jargons va-t-en-guerre qui intoxiquent l’espace politique’’. ‘’Les acteurs politiques utilisent de plus en plus de jargons violents qui ont pour noms : +Gatsa Gatsa, Tothe Sa Gate, Thiaw Sa Xiir+’’.
Des discours dont la finalité est ‘’créer un effet de réalité […]. Ça peut être dangereux pour les jeunes’’, analyse un spécialiste interrogé par le journal.
Libération, pour sa part, revient sur les dernières arrestations de militants présumés du parti Pastef, dirigé par l’opposant Ousmane Sonko. Le journal insiste sur le cas de ‘’Azoura Fall’’, de son vrai nom Assane Guèye.
Ce dernier est l’auteur d’une vidéo dans laquelle les gendarmes sont accusés ‘’d’avoir voulu assassiner Ousmane Sonko’’.
‘’Interpellé sur ces accusations contre les gendarmes’’, Assane Guèye, arrêté par la Division des investigations criminelles (DIC) à la Patte d’Oie, à Dakar, il a soutenu ‘’avoir été emporté par l’émotion durant son +live+’’.
Il reste que ‘’ce qui s’est passé avec [Ousmane] Sonko est inacceptable, inadmissible, inélégant, discourtois’’, a déclaré Khalifa Ababacar Sall, un des responsables de la coalition Yewwi Askan Wi de l’opposition.
Dans les colonnes de Vox Populi, M. Sall a ‘’dénoncé, avec +vigueur les agressions+ des forces de l’ordre de défense et de sécurité sur Ousmane Sonko avant-hier jeudi au sortir du tribunal dans l’affaire opposant le président de PASTEF au ministre Mame Mbaye Niang’’, en charge du Tourisme et des loisirs.
Mame Mbaye Niang a intenté un procès en diffamation contre Ousmane Sonko, en rapport avec les déclarations de ce dernier selon lesquelles il avait été épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) pour sa gestion d’un fonds de 29 milliards du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC).
Niang qui conteste l’existence de ce rapport, a décidé de porter plainte pour ‘’diffamation’’ contre Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor.
L’opposant, ayant assisté à l’ouverture de ce procès finalement renvoyé au 16 mars, avait été sorti de force de son voiture par les forces de l’ordre pour être conduit à son domicile. Le but étant de le faire changer d’itinéraire.
‘’Ce qui s’est passé […] avec Sonko est inacceptable, inadmissible, inélégant, discourtois. On peut comprendre que les forces de l’ordre aient besoin de maintenir l’ordre, mais on ne peut pas comprendre qu’elles aillent brise le pare-brise d’une voiture […]. On pouvait le blesser ou pire’’, a commenté Khalifa Sall dans des propos rapportés par Vox Populi.
‘’Depuis son meeting réussi à Keur Massar, [Ousmane Sonko] est persécuté, sa maison barricadé, ses proches traqués, puis arrêtés’’, souligne Walfquotidien. Le même journal revient par ailleurs sur le sit-in organisé par le groupe du même nom, après la suspension du signal de sa télévision.
‘’Nous sommes devenus beaucoup plus puissants’’, assure le président-directeur général dudit groupe, satisfait de ce sit-in auquel ont participé des acteurs de la presse, des leaders politiques, défenseurs des droits humains et sympathisants.