On a beau être dans une période électorale, Ousmane Sonko reste le centre d’attraction de la presse. Le leader de l’ex parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) continue de faire parler de lui. Son avènement dans la politique a permis de montrer les nombreuses failles qu’il y’a dans le système administratif sénégalais. Et si les autorités n’ont pas la maturité d’en tirer toutes les conséquences, elles ne verront pas leur chute venir. Car l’État du Sénégal laisse passer des choses très graves.
L’administration sénégalaise ne vaut plus un clou depuis que le maire de Ziguinchor est apparu sur la scène politique. Chaque acte posé par Ousmane Sonko le prouve à suffisance. Depuis jeudi, un document authentique de l’administration pénitentiaire circule sur les réseaux sociaux. Ledit document est un courrier confidentiel qui alerte le ministère de la Justice sur la situation du détenu Ousmane Sonko. Un document qui n’avait pas sa place dans l’espace public.
De graves révélations y sont faites concernant l’état de santé du maire de Ziguinchor. De quoi faire sortir le Procureur de la République de son confort habituel. Abdou Karim Diop annonce une enquête pour, dit-il, situer les responsabilités. Sauf que le mal est déjà fait. Car le document met à nu ce que les autorités voulaient cacher aux populations. D’ailleurs, depuis que les sénégalais ont eu vent de son contenu, certains s’en prennent à l’État.
Comment une telle chose a pu arriver ?
C’est cette question que se posent bon nombre de sénégalais. Mais ils risquent de ne point avoir de réponse. Car cette affaire démontre Ô combien notre administration est poreuse. Tout y passe et cela ne choque personne. Sonko semble avoir réussi une chose : ouvrir les yeux des autorités. Ce document de l’administration pénitentiaire n’est pas le premier à se retrouver sur la place publique. Depuis que Sonko est monté en puissance, il semble que des personnes au sommet le renseigne au même titre que le Président Macky Sall.
Détenteur d’un rapport interne de la Gendarmerie nationale commanditée par le général Jean-Baptiste Tine, qualifié de « soldat digne et loyal » à son serment, Ousmane Sonko avait rapporté, ce qu’il appelle, les « forfaitures » de l’ex procureur Serigne Bassirou Guèye. Le patriote en chef accusait ce dernier d’avoir falsifié, dénaturé puis supprimé des éléments l’enquête préliminaire dans l’affaire « Sweet Beauté ». Ce qui l’avait même conduit à déposer une plainte devant la Cour suprême et l’Inspection générale des affaires judiciaires (IGAJ).
Un document qui avait fait grand bruit. Car au sein de la maréchaussée beaucoup se sont interrogés sur la provenance d’un tel rapport. Mais pas le seul. Un message codé de la Police avait circulé sur les réseaux sociaux. Le document revenait sur la date probable de l’audition de Ousmane Sonko. Le texte en question utilisait le nom de code « Oscar Sierra » pour désigner le monsieur dont l’audition prochaine appelle une mise en alerte maximale du personnel du Groupe opérationnel de Dakar du Groupement mobile d’intervention (GMI). Or Oscar Sierra renvoie aux initiales de Ousmane Sonko. Et faut dire que la liste est loin d’être exhaustive.
Une situation qui doit pousser les autorités à réagir. En matière de courrier administratif, le système de 1960 est toujours utilisé dans un monde en perpétuel mutation. C’est le même circuit archaïque qui conduit les documents de l’administration. Il est impératif pour l’Etat de passer une bonne fois pour toute à la digitalisation de tout. Sinon à quoi bon de dépenser des milliards pour la construction du Centre de données de Diamniadio (Data Center) ? À quatre mois de la présidentielle, Macky Sall devrait penser à stopper la fuite des informations confidentielles.
Quoi qu’il en soit, Sonko expose les points faibles de l’Etat. Les autorités doivent en tirer toutes les conséquences. Le Procureur doit traquer tout le circuit administratif qui aurait pu causer une telle fuite. Faire d’eux un exemple, devrait permettre à l’État d’éviter certains problèmes. Car même le renseignement sénégalais n’est plus fiable. Beaucoup de chose ont échappé à sa vigilance !
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru