Ma réponse à la déclaration de Monsieur Ousmane SONKO sur la présence de notre Armée Nationale au Mali.
Se taire, je ne le ferai jamais dès lors que des hommes de la trempe de Monsieur Ousmane Sonko tentent par le verbe, la méconnaissance et la recherche de buzz médiatique d’emballer l’opinion nationale sur des sujets d’une extrême sensibilité comme l’engagement de notre armée nationale en république sœur du Mali.
En effet dans une déclaration tenue ce jeudi, Monsieur Ousmane Sonko a tenu les propos suivants : <Nous avons vu que Macky SALL a rapatrié les quelques éléments sénégalais qui étaient là-bas, puisqu’ils n’étaient pas là-bas en tant que sénégalais, ils étaient là-bas parce que la France lui avait demandé d’amener des troupes (…)>.
En ma qualité de spécialiste en défense et sécurité nationale diplômé du CHEDS*, je m’inscris en faux contre de tels propos d’une extrême légèreté venant d’un homme qui aspire à devenir le chef suprême de notre armée nationale en 2024.
Afin que nul ne l’ignore, l’engagement de notre armée nationale en République sœur du Mali dans le cadre de la MINUSMA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali) remonte en 2013 suite à la résolution 2100 du 25 avril de la même année du Conseil de Sécurité des Nations Unies instituant cette force de maintien et de stabilisation de la paix dans les cinq Secteurs d’interventions que couvre cette mission. L’engagement de l’armée sénégalaise en république est constant depuis 2013, avec un système de rotations et de relèvements périodiques des effectifs engagés.
Il faut comprendre que cet engagement de l’armée sénégalaise au Mali en plus d’être stratégique et institutionnel, obéit à une vieille tradition de cette armée qui dès 1960 a commencée à envoyer des troupes pour des missions de rétablissements et de maintiens de la paix dans le cadre des Nations Unies. A ce titre, il importe de relever que la première mission de notre armée date de 1960 dans le cadre de l’ONUC (Congo) avec l’envoi de 600 hommes. Aujourd’hui, cette posture de notre armée a fait de notre pays le huitième contributeur de troupes pour les Nations Unies avec comme côtés positifs : l’entrainement permanent de nos soldats sur de réels zones de guerres, l’acquisitions de nouveaux équipements et de nouvelles stratégies pour faire face aux nombreuses menaces sécuritaires asymétriques. Par respect à la mémoire de nos 79 soldats tombés dans les différentes missions des Nations Unies, aucun homme politique ne doit parler de la sorte de notre armée, car celle a démontrée à plusieurs reprises et occasions son caractère républicain et professionnel.
Ainsi, notre engagement au Mali est une affaire de souveraineté nationale mais aussi réponds à un besoin hautement sécuritaire pour notre pays qui a tout intérêt de voir le Mali renoué avec une paix durable si l’on sait que la chute de Kadhafi a ouvert un grand boulevard d’insécurité qui s’est encore arrêté en territoire malienne grâce à l’immenses travail de veille et d’alerte de nos vaillants forces de défenses et de sécurités. A ce titre, il importe de relever que cet engagement n’est pas assujetti à la France mais réponds à notre besoin sécuritaire et à la solidarité avec un pays comme le Mali qui il faut le rappeler à partager avec le Sénégal un même drapeau et un même état dans le cadre de la fédération du Mali.
A la date d’aujourd’hui, le 10 eme détachement de l’armée sénégalaise qui a séjourné au Mali depuis 15 mois est de retour en terre sénégalaise depuis la semaine dernière. Ce détachement est remplacé par le 11 eme qui a déjà reçu son drapeau depuis le 23 février dernier après une série d’entrainements et de formations dans les différents centres tactiques que comptent notre armée nationale.
A côté de l’armée sénégalaise, 26 autres armées de 26 autres états souverains sont présentes au Mali dans le cadre de la MINUSMA à l’exception de la France qui après une présence sur le sol malien depuis 2014 à travers les opérations SERVAL et BARKHANE a fini de quitter le théâtre des opérations ce jeudi 18 aout 2022 suivants ainsi la décision et la volonté souveraine des autorités maliennes.
Afin de lever toute équivoque sur notre présence et engagement sur le sol malien, nous renvoyons Monsieur Ousmane Sonko au rapport du Secrétaire général des Nations unies https://minusma.unmissions.org/sites/default/files/n2236095fr.pdf en date du 02 juin 2022 devant le conseil de de Sécurité des Nations Unies et à la résolution 2640 en date du 29 juin 2022 renouvelant la mission de la MINUSMA pour une durée d’une année avec une clause d’exclusion des forces armées françaises qui jadis apportaient le soutien aérien aux différentes forces de la MINUSMA. https://minusma.unmissions.org/sites/default/files/n2240621.pdf
Les retards qui ont étés notés dans le déploiement des forces engagées dans le cadre de la MINUSMA pour le renouvellement des effectifs trouvent leurs sources sur d’une part, le différend entre l’état souverain du Mali et la République française avec la révocation unilatérale par la partie malienne des accords bilatéraux de défenses de 2014 entre les deux pays et d’autre part par l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés. A ce sujet, tous les spécialistes en sécurité et défense sont unanimes pour comprendre la position et la décision souveraine des autorités maliennes en suspendant provisoirement le 14 juillet dernière les rotations aériennes pour le relèvement des effectifs de la MINUSMA.
Effet, grâce à la diplomatie, au rôle des Nations Unies et à la clairvoyance du Président Assimi GIOTA, la situation est revenue à la normale car, tous les 26 états engagés au Mali, ont commencés depuis une semaine à convoyer leurs tropes y compris notre pays le Sénégal qui, il faut le préciser trône à la quatrième place des pays contributeurs de troupes de la MINUSMA derrière le Tchad, le Bangladesh et le Niger.
Pour terminer, nous invitons toute notre classe politique nationale à ne pas mêler notre Armée Nationale dans le débat et dans les prises de positions publiques, car à cause de sa sensibilité du fait de son doublement cantonnement territorial et juridique pour reprendre le Professeur El hadji Mbodji, laissons la muette.
Alinard NDIAYE
Spécialiste en Défense et Sécurité nationale
Diplômé du Centre des hautes Etudes de Défense et de Sécurité (CHEDS)