La presse sénégalaise demeure le référentiel intrinsèque du journalisme en Afrique francophone, en dépit des bouleversements géopolitiques et d’un processus politique subséquent englué dans dès problématiques endogènes sidérantes. La floraison de journaux atteste à la fois d’un ancrage démocratique et d’une vitalité du paysage médiatique, au moment où le refoulé illibéral structure la sociologie politique de certains pays.
Les pesanteurs anthropologiques et la judiciarisation des délits de presse biaisent l’évolution de la temporalité démocratique, dans un contexte politique délétère. Devant l’exaspération populaire de la gouvernance erratique, la dictature de l’instantanéité prime sur la primauté rédactionnelle des recoupements journalistiques.
Le positionnement idéologique des médias constitue une réappropriation de l’idée de démocratie, en ce sens que le journaliste occupe un magistère de socialisation citoyenne. Par ailleurs, la réaction inappropriée, inopportune et disproportionnée d’un journaliste à la remarque présidentielle, dépeignant la revue de presse sous d’un narratif théâtral, envenime la relation déjà exécrable entre certains médias et le monde politique institutionnel.
De ce point de vue, la presse sénégalaise, désagrégée par des incertitudes économiques et financières, est dans l’obligation de se réinventer, d’organiser sa métamorphose structurelle, en accord avec les mutations technologiques. La presse est dans son rôle éminent de défenseur des libertés, quand la politique s’enfonce dans le populisme et la démagogie.
Sidy Braham Dieng
Fondateur mouvement Sénégal d’en bas