Perdre son bébé en cherchant à récupérer sa « bourse » de sécurité familiale !
Ce triste évènement est révélateur de deux choses : la première, c’est le niveau d’angoisse et la pauvreté des familles sénégalaises ; la seconde est que cette trouvaille des bourses familiales a des limites objectives, elle ne peut sortir les pauvres de la pauvreté. Quand j’ai vu aujourd’hui (20 juin 2023) une immense foule de femmes assises à même le sol, et sous le chaud soleil, pour faire la queue, je me suis encore demandé si nous savons exactement ce qui se passe dans ce pays ! Les Sénégalais sont plus que fatigués, ils sont désespérés t il nous faut un véritable dialogue sur des solutions durables à la place des perpétuels dialogues politiques. Cette perte cruelle d’un innocent est tout un symbole : l’avenir étouffé dans la bousculade pour sauver le présent.
Ces bourses familiales ne sont pas la solution, il faut aller plus loin et arrêter de tromper ces pauvres familles. On ne fait pas sortir quelqu’un de la pauvreté par la pitance : il faut faire des femmes des porteuses de projets. Il faut penser des bourses de sécurité entrepreneuriales en organisant les femmes par PME ou même PMI pour leur permettre de se libérer de la culture de l’assistanat. La pauvreté existera toujours, mais celle endémique ne peut pas être une fatalité. Le sort des femmes sénégalaises doit nous pousser à nous remettre tous en cause, à nous interroger sur nos certitudes, nos croyances, nos traditions. Pourquoi l’économie, le peu d’économie, est monopolisée par les hommes ? N’y a-t-il pas des freins culturels à leur épanouissement économique ?
A la place de ces bourses, il faut financer des entreprises familiales : depuis l’aube des temps, les femmes vendent l’encens, le mouraké, les gerte caaf de la même façon. Il est temps de mettre des étudiants et des chercheurs sur le terrain pour faire ce que les volontaires américains font. Il est temps de mettre nos universités au cœur des problématiques sociétales, de développement, de réformes foncières, etc. L’université et l’école ne peuvent pas être coupées de la société : elles doivent être les lieux où jaillit la lumière qui éclaire la société. Le Sénégal doit produire ses politiques de développement en faisant des commandes (contrats de performance sous forme d’appels d’offres) assujetties de financements conséquent aux universités pour trouver des solutions aux problèmes du pays, c’est la seule voie de salut.
Les inondations par exemple confiées à dix universitaires faisant travailler chacun cinq étudiants sur la question ! La maîtrise de l’eau, l’énergie solaire et éolienne, le problème de la mobilité dans les grandes villes, la lancinante question du traitement des eaux usées et des ordures : chacune des es question doit faire l’objet d’une commande de recherche avec des moyens financiers et matériels conséquents. Cette façon de financer l’université règles deux problèmes à la fois : la pauvreté de nos universités et la résolution par nos chercheurs des problèmes du pays. L’argent va aux université qui vont en user pour créer des richesses au profit de la société. Un gouvernement qui identifie les problèmes de la société et qui finance des universités qui n’ont aucun apport dans la recherche de solutions à ces problèmes doit revoir sa politique de l’enseignement.
Mais il faut avant tout libérer les femmes de la mentalité de la dépendance : nos femmes sont parfois réduites à de simples ménagères dont l’horizon est d’assurer l’ordre domestique ! C’est cruellement injuste. Si la nécessité de rester à la maison est imprescriptible, il faut faire de sorte que la maison soit désormais un lieu de travail, un lieu de production de richesses.
Alassane KITANE