A Douala, un homme est payé 200.000 Fcfa en échange d’un peu de terre des abords d’une tombe.
Jean-Ernest M. a été surpris dans la nuit de mardi à mercredi dans une concession, tenant un sachet rempli de terre qu’il venait de collecter autour d’un sépulcre.
Jean-Grnest M., 36 ans, conducteur d’engins lourds en chômage technique, a été traîné dans la nuit de mardi à mercredi au commissariat du 15e arrondissement. Ceci pour s’être livré à une activité plutôt éloignée de son métier, dans une concession à Mabanda par Bonabéri (arrondissement de Douala IV). Une concession où il avait ses habitudes : c’est le chef de famille qui l’avait formé à la conduite d’engins lourds. L’homme est décédé il y a une dizaine d’années, dans sa soixantaine, et a été enterré dans cette concession, où vit sa descendance.
Il ressortira des auditions à la police que ce mardi 25 juillet, Jean-Ernest M., qui vit à Deido (Douala 1er), s’est rendu dans la concession, dont il était un peu un enfant adoptif. Personne dans la maisonnée n’imagine alors qu’il est sans doute là en prise de repères, et qu’il reviendra sur les lieux au cœur de la nuit. Son projet ? Collecter de la terre autour du tombeau où la dépouille de son défunt formateur repose depuis une décennie. La question qui lui sera posée c’est : pourquoi ? Mais avant celle-là, il y en aura une autre.
De fait alors qu’il a fini sa besogne et tient un sachet contenant son « butin », Jean-Ernest M. est interpellé : « Tonton ! Qu’est-ce que tu fais là ?! ». Le benjamin de la maison, sorti récupérer des choses qui traînaient à l’extérieur avant d’aller se coucher, l’a surpris, à côté de la tombe. L’enfant, lui-même surpris, n’a pas chuchoté, bien au contraire.
Un de ses aînés l’a entendu et est également sorti. Il trouve Jean-Ernest en train d’adresser un message muet au petit, posant l’index sur ses lèvres. Mais c’est trop tard, l’enfant a parlé, l’alerte est donnée. D’autres membres de la famille sortent. Jean- Ernest est saisi et molesté, avant d’être conduit au commissariat.
Devant les policiers, il dira avoir un commanditaire. Un tiers qui lui a donné 200.000 F, en échange d’un peu de terre qu’il ramènerait des abords d’une tombe. Dans un premier temps, Jean-Ernest n’a pas voulu en dire plus. Les policiers lui ont alors indiqué qu’il risquait gros, entre violation de domicile et profanation. Il a finalement craché le morceau.
Rendus chez le commanditaire présumé à Makèpè (Douala V), les policiers ont trouvé son vigile, qui a expliqué que le concerné était sorti à 4h du matin. Pour un voyage dont il n’a pas donné la destination. Jean-Ernest, lui, risque de « voyager » pour la prison.