Il n’y a pas plus contradictoire que les membres du parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF). Les camarades de Ousmane Sonko sont à l’image de leur leader. Ils passent la majeure partie de leur temps à se contredire. Alors que toutes les chances du maire de Ziguinchor de participer à l’élection présidentielle du 25 février 2024 se sont évaporées, les marabouts du patriote en chef sont sortis de leur silence foulant du pied leur serment les plus élémentaires. Une sortie qui fait grand bruit pour un parti qui a toujours pris pour cible les foyers religieux.
Chaque jour qui passe éloigne Ousmane Sonko du fauteuil présidentiel. Les déboires judiciaires dans lesquels il s’est fourré, l’éloigne du Palais. Le maire de Ziguinchor a tellement commis d’erreurs qu’il est devenu impossible de le sauver. Mais les patriotes ne baissent pas les bras. Les avocats du leader de l’opposition radicale sont en train de tout faire pour l’extirper de sa cellule. Et aussi faire en sorte qu’il soit sur le départ pour la course présidentielle. Plus facile à dire qu’à faire. Car leur client s’enfonce de plus en plus dans ses dérives.
Les robes noires ne sont pas les seules à se battre pour le PROS (Président Ousmane Sonko). Face au laxisme des rares leaders en liberté, des marabouts ont repris le combat du patron de l’ex parti Pastef. Ils sont devenus de plus en plus nombreux à épouser la cause de Sonko. Ces personnes sont des marabouts connus au sein des grandes familles religieuses. Et des maîtres coraniques réunis au sein du MODDAP (Mouvement des Domou Daara patriotes de Pastef). Une grande contradiction pour un parti qui protège les plus grands insulteurs de marabouts.
Mais pour les patriotes, tout se pardonne quand on roule pour Sonko. Une chose que semble avoir compris Cheikh Bara Ndiaye. Cet homme qui se dit marabout a pris cause et effet pour le PROS. Devenu chroniqueur dans une télé de la place, il passe tout son temps à défendre son bienfaiteur. Et tirer sur toutes les personnes qui sont contre lui. Quoi de plus normal, ce charlatan incapable de prédire son propre avenir, ne doit sa célébrité qu’au maire de Ziguinchor. Les patriotes sont tellement naïfs qu’ils se laissent embarquer par le premier venu.
Fraîchement sorti de prison, Bara Ndiaye a organisé, avec plus de 120 maîtres coraniques, une journée de prière pour Ousmane Sonko. Occasion saisie par tout le gratin de Pastef pour sortir de leur trou. Même l’ancien capitaine de Gendarmerie, Seydina Oumar Touré, était de la partie. Cet homme a toujours refusé sa proximité avec le maire de Ziguinchor. Mais avec le temps, les masques finissent par tomber. Mais cette cérémonie n’était rien d’autre qu’un rassemblement politique dans lequel, le marabout numéro 2 de Sonko distribuait les bracelets de l’ex Pastef.
Et pourtant aucun membre de l’ex Pastef ne s’est indigné comme ils l’ont fait pour les autres marabouts de Touba, Tivaouane et Médina Baye. Une hypocrisie qui ne dit pas son nom. Le plus grave c’est de voir le marabout de Sonko virer dans la politique. Serigne Abdou Mbacké est devenu une exception à la règle de l’ex Pastef. Contrairement aux autres maras, celui-ci a le droit de se lancer dans la politique politicienne. Avant Guy Marius Sagna, c’est lui qui faisait le travail de Sonko dans la diaspora.
Il s’était personnellement déplacé chez les sénégalais à l’étranger pour prêcher la parole de Sonko. Maintenant, le mara pousse le bouchon plus loin. Dans la vidéo devenue virale, Serigne Abdou Mbacké invite les militants de Pastef à garder leurs cartes d’électeurs en attendant ses ordres. En d’autres termes, c’est lui qui va leur dicter la conduite à tenir vu que Sonko est dans l’incapacité de poser le moindre acte pour 2024. Ce qui devrait pousser le journaliste attitré de Pastef à revoir sa position. Lui, qui déclarait : «Nos marabouts, toujours au côté du pouvoir, jamais celui du peuple». Désormais, ils ont leurs propres marabouts.
Mais en empruntant ce chemin, le marabout vient de confirmer ce que les patriotes ont toujours refusé aux autres. Ainsi, il vient de dire à tous compères qu’ils peuvent avoir un leader et œuvrer pour sa victoire. Alors, si les membres de l’ex Pastef veulent s’en prendre aux marabouts-politiciens, ils devront commencer par les leurs. «Charité bien ordonnée commence par soi-même», dit-on.
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru