J’estime que la CEDEAO a une lourde responsabilité sur la crise malienne. Elle se remarque beaucoup plus dans la défense du principe de conservation du pouvoir d’un groupuscule qui a la phobie de la démocratie.
L’échec lamentable de sa mission de médiation bien avant la destitution de Ibrahima Boubacar Keita était évident. La composition de sa délégation ne donnait aucune chance de réussite pour l’apaisement de la tension sociopolitique. Et c’est la conséquence de l’implication de l’armée qui a préféré être républicaine et se ranger au côté du peuple.
Pour réussir une médiation, il faut avoir le mandat populaire. Il faut que les belligérants soient convaincus de ta bonne foi. Malheureusement, l’organisation a commis l’erreur monumentale d’insérer les Présidents Macky Sall et Alassane Dramane Ouatara dans la délégation. Ils n’ont aucune crédibilité en Afrique. C’est des mauvais exemples de démocratie. On ne peut faire respecter des accords que l’on viole au quotidien.
L’avis le mieux partagé dans la sous-région est que la CEDEAO est devenue un instrument de défense et de conservation du pouvoir des Chefs d’Etat.
Elle montre toute sa fermeté pour condamner tout acte qui menace une seule parcelle de leur pourvoir. Et ferme les yeux ou aborde timidement les abus de pouvoir subis par le peuple.
Le Président Macky Sall peut-il se faire un donneur de leçon alors qu’il emprisonne et exile ses adversaires politiques ? Il élimine qui il veut sur les listes électorales. Il écarte qui il veut à des élections avec la complicité du conseil constitutionnel. Et il retire des droits civiques et politiques de ses concitoyens par ses humeurs insolents.
Sous prétexte que le Sénégal est un pays souverain. Le Président Macky Sall a refusé d’appliquer les décisions de la CEDEAO qui étaient en faveur des prisonniers politiques Khalifa Ababacar Sall et Karim Meissa Wade. Il a non seulement violé la signature internationale de son pays. Mais aussi la constitution dans son préambule et à son article 98.
Malgré cette posture irresponsable, la CEDEAO n’a pris aucune autre mesure pour que ses instructions soient appliquées. Au contraire, elle a préféré cautionné l’arbitraire.
En Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara se présente anticonstitutionnellement pour une troisième candidature. Il matraque et tue les ivoiriens qui exigent le respect de la constitution. La CEDEAO fait semblant de ne rien voir et de ne pas entendre le cri de cœur et de détresse des populations.
Alpha Condé fait couler depuis plusieurs mois du sang en Guinée Conakry pour juste s’éterniser au pouvoir. La CEDEAO applaudit et l’encourage.
La CEDEAO est une institution de la Honte. Elle condamne le coup d’Etat militaire au Mali et plébiscite le coup d’Etat constitutionnel.
Par cette occasion, je veux exprimer mon estime le plus profond au Président Oumaro Cissoko Mballo de la Guinée Bisseau qui pense que le troisième mandat est aussi un coup d’Etat. Donc, que les mêmes sanctions soient applicables pour tous ceux qui ont cette ambition.
J’invite nos forces de défense et de sécurité à rester républicains. Ne tirez sur aucun manifestant qui réclame le respect de la constitution. Votre mission est de nous protéger. Désolidarisez-vous contre ces dictateurs. Refusez d’être des complices de leur sauvagerie. Refusez d’être embarqués au dépotoir. Car ils sont déjà les ordures de l’histoire.
Malang FADERA, citoyen sénégalais