S’il y a une chose que le président Macky Sall regrette, c’est sûrement d’avoir pris la décision de reporter l’élection présidentielle du 25 février 2024. Depuis que l’Assemblée nationale a donné au chef de l’Etat ce qu’il voulait, le régime est sous le coups de nombreuses critiques. Ce report est vu par bon nombre de Sénégalais comme un «coup forcé». Ce qui a relancé la machine destructrice des manifestations. Sentant que leur boss est en très mauvaise position, les affidés du locataire du Palais ont lancé une grosse opération pour le tirer d’affaires.
Le Sénégal renoue avec la violence. Depuis l’arrestation de Ousmane Sonko, le calme était revenu. Le leader de l’ex Parti des Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) a toujours été vu comme la source de la violence dans le pays. Mais les récents événements prouvent qu’il n’était pas seul. En acceptant de reporter l’élection présidentielle, le Président a précipité le pays dans un avenir incertain. Les jeunes ont repris leurs habitudes. Ce vendredi a été très chaud avec des manifestations notées dans beaucoup de localités du pays.
Pire, l’image du président est en train de prendre un sacré coup. Cette décision unilatérale de Macky Sall fait réagir la communauté internationale. Beaucoup de voix se lèvent pour demander au président de respecter le calendrier électoral. Cet homme, autrefois respecté, risque de rejoindre la longue liste de chefs d’état infréquentables. Face à cette situation critique, les alliés du commandant en chef ont lancé une grande offensive médiatique. Ils ont pris d’assaut les médias qu’ils n’ont cessé d’attaquer. En une semaine, toutes les «grandes gueules» de la mouvance présidentielle ont pris le micro.
Leur offensive se fait dans les médias internationaux. C’est Abdou Mbow le premier à faire le grand saut. Invité sur France 24, il a déclaré qu’il n’y avait pas de «crise politique» au Sénégal. Une déclaration qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux. Car le parlementaire a sûrement dû oublier que c’est cette crise qui a poussé son mentor à annuler la présidentielle à la veille du démarrage de la campagne. Mais il n’est pas le seul à se lancer dans cette entreprise périlleuse. Absent des médias depuis longtemps, Souleymane Jules Diop est réapparu subitement devant les micros.
Invité du journal Afrique de TV5, ce jeudi, il a repris de plus belle ces vieilles habitudes. Tentant de justifier l’amour de Macky pour le Sénégal, le journaliste a fait une grosse bourde. « La famille de Macky Sall a déménagé au Maroc », a révélé l’ambassadeur du Sénégal à l’Unesco. Une information aussitôt démentie par le Palais. Comme quoi le scénario pour «blanchir» le commandant en chef n’est pas bien huilé. Alors Abdou Karim Fofana et Ismaila Madior Fall en ont rajouté une couche pour embellir l’image du chef de l’État.
Le porte-parole du gouvernement est passé « au grand oral » de Jeune Afrique. Tentant de justifier le report de la présidentielle, il dira « pour Macky Sall ce n’est pas une partie de plaisir de rester au pouvoir ». Le « chef de l’Etat n’a pas eu d’autre choix que d’annuler le scrutin présidentiel, prévu le 25 février pour qu’il soit crédible et inclusif », a-t-il déclaré. Pour conforter cette thèse, le tailleur constitutionnel a repris son ciseau. Il a taillé une loi sur mesure pour justifier le report de l’élection qu’il disait « impossible ».
« Cette décision s’est faite dans le respect scrupuleux de la Constitution sénégalaise. Parce que d’abord, il faut dire que ce n’est pas une initiative du président de la République du Sénégal. Le président de la république n’est pas l’initiateur, ni l’inspirateur de cette décision. Tout est parti d’une délibération parlementaire », a-t-il déclaré. Il aurait quand même pu nous désigner les véritables artisans de ce report trop controversé. Mais il était trop occupé à sauver l’image de Macky Sall. Mais pour avoir la réponse à cette interrogation, il faudrait aller chez la ministre de la Justice.
« Une partie des députés de notre majorité ont rejoint l’opposition sur ce texte. C’est vrai. Mais pas tous. Au Sénégal comme en France, on ne peut pas dicter la conduite à tenir à un député, même de son propre camp. Mais on préfère retenir la caricature que c’est Macky Sall qui a fait reporter l’élection (…) », a déclaré Aïssata Tall Sall dans Le Figaro. Toutes ces sorties sont censées redorer l’image de Macky Sall. Mais c’est devenu une tâche impossible. L’image du président est déjà écornée par les critiques en masse.
Macky Sall avait tout pour partir en héros. Malheureusement il s’est laissé embarquer par les faucons qui rôdent autour de lui. Si le dialogue qu’il a initié, échoue, il risque de plonger le pays dans une crise sans précédent. La balle est entre ses mains et il doit faire le bon choix…pour la République et…pour la postérité !
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru