L’Arabie saoudite condamne à mort cinq personnes pour le meurtre de Khashoggi – mais le principal assistant du prince héritier Salman n’est PAS accusé
Cinq personnes ont été condamnées à mort pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018, a annoncé aujourd’hui l’ Arabie saoudite .
Les cinq hommes « ont directement participé au meurtre » au consulat saoudien à Istanbul, a déclaré le procureur du royaume.
Trois autres personnes ont été emprisonnées, mais l’ancien conseiller royal Saud al-Qahtani – un proche collaborateur du prince héritier Mohammed bin Salman – n’a pas été inculpé.
Les procès se sont déroulés dans le plus grand secret et les peines prononcées aujourd’hui ont déclenché des déclarations immédiates de dissimulation pour protéger le prince, qui nie toute implication dans le meurtre.
L’enquêteuse des Nations Unies, Agnes Callamard, qui a rédigé un rapport présentant des « preuves crédibles » de l’implication du prince Mohammed, a qualifié aujourd’hui l’enquête saoudienne de « parodie ».
« La parodie d’enquête, de poursuites et de justice continue », a écrit Callamard sur Twitter.
Lynn Maalouf d’Amnesty International a qualifié les verdicts d’aujourd’hui de «blanchiment», affirmant que l’Arabie saoudite avait un record de «procès extrêmement injustes».
« Ce verdict est un blanchiment qui n’apporte ni justice ni vérité à Jamal Khashoggi et à ses proches », a-t-elle déclaré.
«Le procès a été fermé au public et à des observateurs indépendants, aucune information sur la manière dont l’enquête a été menée.
« Le verdict ne traite pas de l’implication des autorités saoudiennes dans ce crime dévastateur ni ne précise l’emplacement des restes de Jamal Khashoggi. »
La Turquie a également critiqué les verdicts d’aujourd’hui, affirmant que des aspects clés de l’affaire tels que la localisation du corps de Khashoggi ont été «laissés dans l’ignorance».
La décision « loin de répondre aux attentes de notre pays et de la communauté internationale de faire la lumière sur le meurtre dans toutes ses dimensions et de rendre justice », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères.
Christophe Deloire, de Reporters sans frontières, a déclaré: «Lorsque les Saoudiens condamnent à mort cinq personnes pour le meurtre de Khashoggi, nous craignons que ce soit un moyen de les faire taire à jamais et de cacher la vérité.
«Nous ne pouvons pas considérer que la peine de mort contribue à la justice. Nous attendons toujours une comptabilité complète.
Les enquêteurs saoudiens ont également affirmé que le meurtre n’était « pas prémédité », contredisant les conclusions du rapport de l’ONU.
Le porte-parole de l’accusation, Shalaan al-Shalaan, a affirmé que « la décision [de tuer Khashoggi] a été prise sous l’impulsion du moment ».
Il a affirmé que lorsque les tueurs ont vu qu’il serait impossible de transférer le journaliste dans un endroit sûr pour négocier avec lui, ils ont décidé de le tuer.
« Il a été convenu, en consultation entre le chef de l’équipe de négociation et les coupables, de tuer Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat », a déclaré Shalaan en réponse aux questions des journalistes.
Selon la télévision d’État, une enquête du procureur général saoudien a trouvé des preuves insuffisantes contre al-Qahtani et il n’a pas été inculpé.
Cependant, al-Qahtani a été sanctionné aux États-Unis pour son rôle présumé dans l’opération.
Washington affirme qu’al-Qahtani «faisait partie de la planification et de l’exécution de l’opération» visant à tuer Khashoggi.
Qahtani n’a pas comparu en public depuis le meurtre de Khashoggi et on ignore où il se trouve actuellement.
Le consul général saoudien à Istanbul à l’époque, Mohammed al-Otaibi, a été reconnu non coupable et libéré de prison.
Le chef adjoint du renseignement, Ahmed al-Asiri, a également été libéré faute de preuves suffisantes.
« Le tribunal a condamné à mort cinq hommes qui ont directement participé au meurtre », a indiqué le procureur dans un communiqué.
Trois autres hommes ont été emprisonnés pour un total combiné de 24 ans « pour leur rôle dans la dissimulation de ce crime et la violation de la loi », a annoncé le royaume, tandis que trois des 11 personnes jugées ont été jugées non coupables.
Les noms des suspects n’ont pas été divulgués, mais on pense qu’ils incluent le membre du service de renseignement Maher Mutreb qui a fréquemment voyagé avec le prince héritier lors de tournées à l’étranger.
Le médecin légiste Salah al-Tubaigy et Fahad al-Balawi, membre de la garde royale saoudienne, seraient également parmi les suspects.
Les procès se sont déroulés dans le plus grand secret, même si une poignée de diplomates ainsi que des membres de la famille de Khashoggi ont été admis. Neuf séances ont eu lieu au tribunal correctionnel de Riyad.
Le bureau du procureur général a déclaré aujourd’hui qu’il examinait les verdicts pour voir s’il fallait aller de l’avant devant la cour d’appel.
Khashoggi, un écrivain du Washington Post qui avait critiqué la famille royale saoudienne, a été vu pour la dernière fois le 2 octobre de l’année dernière dans le consulat d’Istanbul pour recueillir des documents pour son mariage prévu.
Une enquête de l’ONU a révélé qu’une équipe de 15 agents saoudiens avait été envoyée par avion spécifiquement en Turquie pour rencontrer Khashoggi ce jour-là à l’intérieur du consulat.
Ils comprenaient un médecin légiste, des agents des services de renseignement et de sécurité et des personnes qui travaillaient pour le bureau du prince héritier.
Un enregistrement audio des derniers moments de Khashoggi, qui a été entendu par des enquêteurs de l’ONU, révèle apparemment comment la prétendue « escouade » saoudienne a accosté Khashoggi qui est mort au milieu des « sons d’une lutte ».
Ses restes n’ont jamais été retrouvés, mais on pense que les assassins de Khashoggi ont démembré son corps et l’ont retiré du consulat.