La RTS en sentiers battus
En guise de réplique au texte livré par France 24 sur la rencontre entre les présidents Diomaye et Macron, la RTS s’est carrément fourvoyée. Ses souteneurs prétendent que cette dernière a eu raison de répondre en berger à la bergère. La différence est que France 24 a donné une information et a commis probablement une erreur, une maladresse ou une bévue. Par contre, la RTS, en ripostant, a été dans la communication, sans en avoir la mission.
La propagande a de beaux jours à la RTS. Dire Emmanuel Macron sans son titre ne constitue pas une faute en journalisme. Cependant, retenir le titre d’excellence et de président de la République à Diomaye tout en le privant à son homologue, et ce, dans le même texte, est une connerie, une méthode d’endoctrinement. Cette confusion des genres est problématique.
Par ailleurs, le même communiqué renseigne sur le fait mensonger que notre chef d’État « accorde » un entretien à Emmanuel. Comble de l’ironie, il met en lien et en même temps le tweet de France 24, en source. Dans ce dernier, il est pourtant clairement écrit que c’est le Français qui convie le Sénégalais à un déjeuner. Ceux qui estiment qu’il s’agit d’une réponse à l’affront ont tort. La RTS, service public d’information, n’a pas pour vocation d’exercer une communication institutionnelle.
Les circonstances susceptibles d’entraîner, volontairement ou involontairement, une confusion entre le journalisme et la politique sont très sophistiquées. Par conséquent, il n’y a rien d’étonnant que de simples d’esprit considèrent les reproches adressés à la RTS comme des détails provenant de gens haineux. Le public a droit à une information indépendante alors que les risques de confusion entraînent une exigence de clarté entre la posture politique et la démarche journalistique.
Encore aujourd’hui, le clivage public et privé des médias ne donne pas une indication claire du degré d’indépendance de la presse. Certes, l’indépendance conceptuelle confère aux médias privés la possibilité de choix éditorial. Malheureusement, la précarité financière finit toujours par les rattraper et les confiner dans des conflits d’intérêts récurrents. Une bonne partie de la presse privée s’inscrit systématiquement dans la controverse, de connivence avec l’opposition politique, alors que le média d’État consacre une bonne partie de ses programmes à l’action du gouvernement et particulièrement à celle du chef de l’État pour en assurer la promotion.
Quand les journalistes s’autocensurent en cachant ou en déformant des informations pour des intérêts partisans ou par élan conformiste, ils portent la responsabilité personnelle des dysfonctionnements notés. Le droit du public à une information de qualité, libre et indépendante doit guider le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime, quelles que soient la fonction et la forme de presse dans laquelle celui-ci exerce.
Birame Waltako Ndiaye