La Secrétaire générale d’Amnesty Internationale a bouclé sa tournée en Afrique de l’Ouest. Face à la presse ce vendredi, Agnès Callamard est revenue sur plusieurs questions de droits humains telles que la liberté de manifester, l’usage excessif de la force, la liberté d’expression, la protection des enfants talibés, la justice pour les morts de Mars 2021.
Au Sénégal, Agnès Callamard a été reçue par le premier ministre Amadou Ba. Amnesty International a interpellé les autorités sur les restrictions de liberté. « Nous nous sommes entretenus de la loi de 1978 portant sur les manifestations permettant aux autorités préfectorales d’interdire les manifestations pour cause de troubles a l’ordre public. Nous avons demandé qu’elle ne soit pas interprétée de manière restrictive afin que les manifestations soient autorisées », a-t-elle déclaré.
L’arrêté Ousmane Ngom était aussi des menus des discussions entre la représentante de l’Amnesty et les autorités sénégalaises. Selon Agnès Callamard, ils ont demandé aux autorités de mettre en œuvre la décision de Cour de justice de la CEDEAO qui a jugé cet arrêté comme étant attentatoire aux libertés fondamentales. Mais nos autorités semblent ne pas être disposé à se conformer aux recommandations de l’institution sous régionale.
« Les autorités ont semblé malheureusement déterminées à ne pas appliquer la décision de la Cour de la CEDEAO qui avait pourtant entendu les arguments présentés par l’Etat sénégalais et les avait jugés insuffisants. Les autorités n’ont donc pas l’intention d’abroger cet arrêté qui aurait, selon elles, pour objet de sécuriser le quartier administratif et des affaires de la capitale », rajoute M. Callamard.
Cette position du gouvernement de Macky Sall va à l’encontre des droits garantis par la constitution sénégalaise, et par le droit international, selon Amnesty. « Elle contribue également à saper les fondements de l’état de droit et à affaiblir les institutions régionales de justice et des droits humains, comme la Cour de Justice de la CEDEAO. C’est une position choquante prise à l’égard d’une institution régionale cruciale pour l’intégration de la région, par un pays important. Il s’agit d’un très mauvais exemple, qui fragilise une institution importante du système Africain », se désole-t-elle.
Les violences exceptionnelles de Mars 2021, qui ont fait 14 morts parmi les manifestants, n’ont toujours pas donne lieu a de inculpations. Pourtant l’État du Sénégal avait annoncé une enquête. Mais jusqu’à présent, les choses ne bougent pas. Des personnes avaient été libérées pour apaiser le climat social. Mais pour Amnesty, la vérité sur les faits et la justice pour les familles des victimes ne doivent faire l’objet d’aucun arrangement. « L’impunité pour l’utilisation excessive de la force par les forces de sécurité doit cesser afin de prévenir d’autres morts. Amnesty va continuer sa campagne pour que justice soit rendue aux victimes », promet Agnès Callamard.
La restriction des libertés est devenu un véritable problème sous le magistère du président Macky Sall. Depuis l’instauration de la loi sur le terrorisme, les activistes et autres contestataires sont traqués. Pour pallier à cette situation et permettre aux sénégalais de pouvoir pratiquer leur droit constitutionnel, Amnesty International va lancer la campagne « Touches pas à nos manif’ ».
A signaler que la secrétaire générale d’Amnesty s’entretiendra en fin de semaine avec le président Macky Sall, Président de l’Union Africaine, avec qui elle abordera des préoccupations liées aux droits humains au Sénégal et dans d’autres pays du continent mais aussi à l’international.
Aliou Ngom pour Xibaaru