«La crise en RDC impose une rénovation des mécanismes diplomatiques» (Sidy B. Dieng)
L’immobilisme de l’Afrique devant le drame anxiogène du nord Kivu est symptomatique d’un chavirement diplomatique découlant d’une vision schizophrénique de la géopolitique. De ce point de vue, la crise du multilatéralisme mondial impose une rénovation des mécanismes diplomatiques de l’Union africaine qui sont inefficaces et impuissantes devant les enjeux géopolitiques de notre temps.
Le devoir d’ingérence est une logique incontournable dans toute dynamique de pacification continentale. Un plan de paix durable devrait être proposé aux belligérants en vue de stabiliser la région des grands lacs. Le Rwanda demeure un pays enclavé et dépourvu de ressources naturelles, quand bien même son dynamisme économique est inspirant.
Sous ce rapport, son développement économique est tributaire de la dynamique de co- partenariat stratégique avec la RDC. Ainsi, la dimension économique de la guerre du Kivu est centrale, étant donné que le Rwanda se positionne de plus en plus comme une puissance africaine émergente. L’impératif sécuritaire justifiant son intervention en RDC pour neutraliser les forces démocratiques pour la libération du Rwanda ( FDLR) s’avère une manœuvre géopolitique machiavélique. Comment peut-on,dans un contexte de réchauffement climatique,remembrer l’Afrique en négligeant la dimension stratégique du bassin du Congo ?
Par ailleurs, les initiatives de paix au niveau continental devraient se multiplier pour préserver la souveraineté de la RDC. A ce propos, l’Afrique doit sanctuariser l’intangibilité des frontières reconnues par la communauté internationale en vue de féconder une géopolitique de paix. l’Union africaine peut-elle rester longtemps en marge des initiatives diplomatiques devant les dévastations et les 3000 morts du nord Kivu ?
Chemin faisant, le Rwanda et la RDC doivent mettre en place tous les mécanismes diplomatiques possibles et imaginables dans l’optique de relever les grands défis liés au développement économique. A ce titre, le volet diplomatique est crucial dans la perspective de la restauration de la paix transfrontalière.
Sidy Braham Dieng
Président mouvement Sénégal d’en bas