Ce vendredi 27 décembre, le Premier ministre Ousmane Sonko a livré une déclaration de politique générale dans laquelle il a fait part d’un constat sévère de l’état actuel du Sénégal. Le chef du gouvernement a dressé un tableau sombre des failles structurelles qui freinent le développement du pays, tout en invitant à une mobilisation collective pour inverser la tendance.
Dans son intervention, Ousmane Sonko a pointé du doigt un modèle économique qu’il juge obsolète, héritage direct de l’ère coloniale. Selon lui, «?64 ans après son indépendance, le Sénégal est resté enfermé dans le modèle économique colonial, exportant ses matières premières […] avec peu de valeur ajoutée et important les produits finis ». Une situation qui se traduit par un déficit commercial abyssal, estimé à «?3?300 milliards en 2023, soit près de 17 % du PIB ».
Cette dépendance structurelle aux importations et l’incapacité à valoriser localement les ressources nationales telles que l’or, le poisson ou encore le phosphate ont, selon le Premier ministre, freiné la croissance économique. Il a rappelé que «?la croissance annuelle moyenne de 1960 à 2023 a été de seulement 3,1 % », insuffisante face à une population dont l’augmentation annuelle moyenne est de 2,7 %. Résultat : le revenu réel par habitant stagne, tandis que les richesses générées continuent de s’expatrier en creusant davantage les inégalités.
Le chef du gouvernement a également dénoncé une concentration géographique des opportunités économiques limitée au triangle Dakar – Thiès – Mbour au détriment des autres régions. Cette disparité régionale, combinée à la faible compétitivité du secteur privé national, enferme le pays dans «?un cercle vicieux de sous-développement et de pauvreté?».
Au-delà de l’économie, le Premier ministre a décrit une société sénégalaise en pleine crise. Il a notamment évoqué une jeunesse désillusionnée, confrontée à un marché du travail incapable de répondre à ses aspirations. «?Chaque année, le nombre d’emplois formels créés est très largement inférieur au nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail?», a-t-il indiqué dans ses propos rapportés par Seneweb.
Le système éducatif, quant à lui, n’échappe pas à la critique. Ousmane Sonko a déploré une école qui, selon lui, «?désapprend bien souvent et déséduque encore plus ». Cette crise de l’éducation s’accompagne d’une perte de confiance généralisée envers l’institution judiciaire, perçue comme partiale par une grande partie de la population.
Dans un contexte de tensions politiques exacerbées ces dernières années, le Premier ministre a salué la résilience du peuple sénégalais, principal rempart face aux dérives autoritaires. «?Notre précieuse démocratie a vacillé, mais a tenu, Dieu merci », explique-t-il. Il a rendu hommage à la jeunesse sénégalaise, moteur de cette résistance démocratique, tout en appelant à canaliser cette énergie pour relever les défis du développement.
En filigrane de ce discours, Ousmane Sonko a accusé ses prédécesseurs d’être à l’origine des multiples «?régressions?» qui affectent le Sénégal. Il a évoqué une situation économique, sociale et démocratique qu’il qualifie de dramatique, fruit d’une gestion qu’il juge défaillante. Ousmane Sonko de déclarer : «?Toutes ces régressions de notre pays s’illustrent, de la manière la plus dramatique, dans la situation que nous avons héritée du régime sortant. »
Malgré ce constat alarmant, le Premier ministre s’est montré déterminé à mobiliser les Sénégalais autour d’un projet commun. «?Cette force vitale pour la résistance démocratique, chers jeunes, chers citoyens, nous devons désormais la mobiliser pour le développement du pays », a-t-il fait savoir.