Bacary Seck : « Quand la pensée et la parole se tordent et se tortillent »

Bouleversée dans ses plus profondes valeurs, la société sénégalaise semble se muer en un imbroglio indescriptible. Lorsque les « intellectuels », sur qui devrait reposer la logique qui sous-tend la pensée objective, tordent la pensée au gré de leurs intérêts personnels, alors là, la société s’en ressent plus mal. Et malheureusement, c’est ce à quoi nous assistons présentement.

Nous ne pointons pas du doigt les intellectuels de manière générale, mais nous fustigeons le comportement de ceux-là qui, selon leurs intérêts, se complaisent à se muer tel des serpents, pour s’adjuger une quelconque légitimité après avoir, pendant longtemps, constitué la levure de ce pain qu’ils jettent maintenant à la poubelle. Et c’est principalement dans le landerneau politique que ces actes sont le plus visibles. Nous assistons à une nouvelle espèce d’opposants qui, occupant de hautes responsabilités étatiques, aquiesçaient par l’affirmative au moindre bruissement de feuille. Quelle qu’étaient les décisions, les choux, les décrets, ces derniers n’hésitaient guère à monter au créneau pour les défendre, se substituant naturellement au djéliba traditionnel.

Or, lorsque ces « intellectuels » sont mis au frigo, ils n’hésitent pas à arborer une casquette d’opposant, soit pour tordre la main au Président, soit pour se frayer un chemin au sein d’une certaine opposition radicale. Quelle inélégance ! Quelle tortuosité cervicale ! Ne se souviennent-ils pas de l’adage selon laquelle « les paroles s’envolent et les écrits demeurent »? Nous y ajouterons aussi que les vidéos s’éternisent. Oui, les vidéos. L’autre aspect de la question est quelle éducation ces gens vont inculquer a la jeunesse, à leurs enfants? Ce ne sera pas une éducation qui pourrait servir positivement ; mais ils apprendront à ces derniers les rudiments de la fausseté.

Comment peut-on se regarder dans une glace lorsque sa parole du Lundi et celle du Mardi se contredisent? Peut-on se muer en donneur de leçons lorsque sa parole n’a aucune…valeur ? Prennent-ils les citoyens pour des écervelés qui oublient très rapidement leurs gémissements partisans?

De toutes les manières, donner de la valeur à sa parole devrait être là préoccupation de tout un chacun qui se voudrait être constant et objectif.

Mais, lorsque l’on modèle son cerveau de façon à l’adapter selon ses intérêts personnels, l’on ne devrait même pas se regarder dans une glace car l’image qui nous sera reflétée en retour ne nous plaira certainement pas. À moins que…