Bacary Seck à Diomaye : « Diriger un pays n’est pas synonyme de zèle excessif »

SÉNÉGAL:  LES ERREMENTS D’UN ESPOIR MORT PRÉMATURÉMENT…

Par Bacary Seck

Le Sénégal vient récemment d’opérer, par les urnes, sa troisième alternance. Le Président Macky Sall vient de passer le témoin à Bassirou Diomaye Faye qui devient ainsi le 5^ème Président de la République. Cette alternance s’accompagne de beaucoup d’espoirs quant au devenir de notre pays. Seulement, avec ses débuts cahoteux, le nouveau gouvernement peine à trouver ses marques. Ses sorties rocambolesques et parfois ridicules font naître le scepticisme chez les populations mais aussi et surtout entraînent des actes aux relents de vengeance à l’endroit de ceux-là qui détenaient le pouvoir, actes pouvant conduire à la déchirure du tissu social.

D’aucuns diront qu’il est trop tôt pour juger la nouvelle équipe gouvernementale ; cependant un jargon bien de chez nous dit : » Tchiin bou naré nèx, bou baxé dafay xèñ »… Traduit littéralement, cela donne : C’est à la senteur dégagée par la marmite que l’on reconnaît un mets succulent.

Dès leur accession à la Magistrature suprême, le nouveau Chef de l’État et son gouvernement ont incité les populations à dénoncer des cadres de l’ancien régime qui se seraient enrichis avec les deniers publics. Ainsi, nous avons tous assisté à un rush, surtout dans les réseaux sociaux. Des gens, aveuglés par les récompenses promises, se sont attelés à essayer de dénoncer, jetant le discrédit sur d’honnêtes citoyens.

Ignorant les rouages de l’État et son fonctionnement, ces gus, s’en sont pris même à des gens qui, hier, leur servaient de mentor politique, de main nourricière. Cette pseudo-solution menace le tissu social sénégalais en ce sens qu’elle est en train d’instaurer une « chasse aux sorcières » sous-tendue par une demande non satisfaite par le leader.

D’autres encore, faisant de la politique un métier, quittent « la maison familiale », car espérant meilleure issue dans le camp présidentiel, et pour se faire une place, n’hésitent pas à véhiculer de fausses informations sur les honnêtes citoyens dont le seul tort a été de servir dignement leur pays.

Dénoncer une personne, sur la base de mensonges éhontés ne mettra personne sur le piédestal de la hiérarchie sociale. Bien au contraire, ce genre de pratiques, et l’actuel gouvernement devrait le savoir, ne peut que briser le tissu social et pousser les nouveaux dirigeants à se ridiculiser d’avantage (s’ils n’ont pas déjà atteint le summum).

En lieu et place de cette attitude ridicule, le Président et son gouvernement devraient plutôt mettre un terme à ce gaspillage auquel le premier ministre s’adonne ( ce dernier logeant dans une suite présidentielle d’un hôtel à coût exorbitant).

La rupture tant chantée est introuvable. À contrario, ils sont dans un tâtonnement extrême, abreuvant les populations de slogans, de décisions ridicules qui ne feront pas avancer le pays telles que la demande de publication de rapports qui sont sur la place publique depuis belle lurette.

Pire encore, nous assistons à la désacralisation de l’État avec ce premier ministre qui ignore qu’il ne doit pas marcher côte à côte avec le Président de la République, ou encore que le tapis rouge était réservé aux hôtes de marque du Président. Nous passons outre les communiqués du conseil des ministres qui démontre le laxisme et le bas niveau de ceux-là qui sont préposés aux destinées de notre pays.

Diriger un pays n’est pas synonyme de zèle excessif, encore moins opérer des dépenses exorbitantes pour loger des gens dans un hôtel de luxe, au frais du contribuable. Diriger un pays aussi ce n’est pas laisser ses ministres s’adonner à des déclarations farfelues dont le sel but est de détourner l’attention des populations sur les véritables problèmes qui nécessitent une action urgente.

C’est une situation très normale, dirons-nous, car cette équipe à qui l’on a confié le pouvoir n’a aucune feuille de route (nous faisons allusion à un programme).

Il est temps que le Président Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement arrêtent cette mise en scène ridicule car c’est un cirque visant à cacher leur inexpérience par rapport au fonctionnement de l’État. Il est temps pour eux de se pencher sérieusement sur les problèmes de l’heure à savoir la baisse du prix des denrées alimentaires, la création d’emplois, l’amélioration des services publics, la baisse du budget de fonctionnement de la Présidence et de la Primature,

Le Sénégal nous appartient à tous, et nous leur souhaitons de réussir à concrétiser leurs promesses faites aux populations. Cependant, nous sommes très perplexes car, en peu de temps, nous avons assisté à trop d’errements par rapport aux gouvernements qui ont eu à diriger le Sénégal.

Bacary Seck