Amadou Bâ continue de gagner en maturité politique. A plus d’une année de la présidentielle, le nouveau premier ministre trace son chemin. Son passage à l’Assemblée nationale est un exemple. Devant des députés, pas acquis à sa cause, le patron du gouvernement a réussi à franchir tous les obstacles qu’il y avait devant lui. Mais il lui faudra encore des efforts, s’il veut avoir toutes ses chances. Il lui reste un dernier piège à éviter pour être le candidat idéal…
S’il y a un premier ministre qui a transpiré lors de sa déclaration de politique générale, c’est bien Amadou Bâ. L’ancien ministre des Affaires étrangères a fait face à une Assemblée très hostile. Guy Marius Sagna et ses camarades lui en ont fait voir de toutes les couleurs. Mais il n’a pas flanché. Les ultras de Yewwi Askan Wi avaient même déposé une motion de censure pour contraindre le nouveau gouvernement à la démission. Mais avec les 83 députés de Benno Bokk Yakaar, le PM a déjoué les plans de la bande à Birame Souleye Diop.
Le principal piège dans lequel Amadou Bâ n’est pas tombé est celui du troisième mandat. La question s’est invitée au débat. Aminata Touré a invité au respect de la Constitution. Des députés comme Mamadou Lamine Diallo ont invité Amadou Ba à s’exprimer sur le projet suicidaire du président Macky Sall. Le leader du mouvement Tekki voulait pousser le premier ministre au suicide. En donnant une certaine réponse, il se serait mis à dos soit le pouvoir, soit les sénégalais qui sont foncièrement contre ce projet.
Mais Amadou Ba a su déjouer le piège. Il a servi une réponse qui clôt le débat. « La question du troisième mandat est une question de responsabilité. Une question qui le concerne. Et le principal concerné (Macky Sall) ne s’est pas encore prononcé. Mais il n’est pas interdit à aucun sénégalais de faire acte de candidature », dit-il avant de rappeler les dispositions de la Constitution. Une déclaration qui a permis au PM de séduire plus d’un. Mais à quelques mois de la présidentielle, il ne doit pas tomber dans l’ultime piège que lui tendent les faucons du Palais et certaines grandes gueules de l’autre côté.
Amadou Bâ est l’un des profils les plus aptes à être le candidat de Benno Bokk Yakaar en 2024. Macky Sall, s’il tient à la survie de son parti, soutiendra son PM. Dans le cas contraire, il perdra un fidèle allié comme ce fut le cas avec Mimi Touré. Mais Amadou Bâ ne doit pas s’aventurer à anticiper son départ. Depuis son retour de Paris, certains essayent de faire croire que la France à « valider » sa candidature. Les plus téméraires, ont même fait d’Amadou Bâ le candidat de la France.
Amadou Bâ a réussi à faire une carrière sans faute. Vouloir se lancer dans une action solitaire serait suicidaire dans le contexte actuel. Pour avoir toutes ses chances en 2024, il aura besoin du soutien de tous les membres de la mouvance présidentielle. Défier Macky Sall actuellement pourrait lui faire perdre ce soutien. Ce qui maximisera les chances de l’opposition. Elle fera tout pour renforcer le candidat qui fera face à Macky Sall et à son projet suicidaire de troisième mandat.
Tant que Macky Sall n’aura pas officiellement déclaré sa candidature, Amadou Bâ a l’obligation de rester derrière le chef de l’Etat. Le PM aura toute la latitude de se renforcer pour être un candidat prêt à faire face à Sonko et Cie. S’il cautionne le troisième mandat de Macky Sall, il mettra fin à sa carrière politique. Les sénégalais le mettront dans e même sac que son patron Macky Sall.
Les ambitions présidentielles de Amadou Bâ ne sont plus un secret de polichinelle. L’homme fort des Parcelles devra faire preuve d’ingéniosité s’il veut arriver à ses fins. Si l’actuel premier ministre prête le flanc, il verra ses ambitions réduites à néant. Beaucoup de ses camarades de parti n’attendent qu’un faux pas pour le faire tomber de son piédestal.
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru