La présence parmi nous de la covid-19 risque de devenir, si elle ne l’est pas déjà, une vérité dépouillée de toute sorte d’utilité. En effet la faculté de concentration sur les gestes barrières languit de jour en jour. Les statistiques alarmantes sont devenues des menues observations pour se faire bonne conscience. Que les âmes des disparus reposent en paix.
La menace d’une propagation est devenue moins terrible que le coup d’un hold-up politique et économique sans précèdent qui se dessine en filigrane. Parce que pour peu que l’habitude eût aidé la nature, Niankou à qui nous avons, par nos imprudences, fourni les instruments de direction de notre sensible destinée, les a habilement mis en oeuvre pour nous fixer dans la pauvreté. Bien sûr avec la couverture d’une solidarité agissante exclusivement devant les caméras, pour devenir, hors de champ visuel, plus proche d’un substitut émotionnel à l’entraide sincère.
L’appel à vivre avec le virus, déclinera à chacun ses propres prévenances sanitaires selon le dictamen de sa conscience. Que valent donc les démonstrations grimacières des gouvernants pour nous convaincre d’avoir la situation politique sous contrôle? D’autant plus qu’elles s’opposent aux manifestations sporadiques qui traduisent une volonté populaire de revoir les rayons expansifs d’un épanouissement qui va du droit à la santé jusqu’au simple devoir de l’État d’étancher la soif d’une Casamance aux puissants vaisseaux fluviaux.
La gestion politique de la pandémie révèle plus de mensonges positifs , sur l’efficacité des mesures, que de cas enregistrés. Des mensonges auxquels la volonté de la rue refuse désormais de prendre part Tamba, Thiès, Mbacké, Kaolack refusent de se priver d’économies de nuit.
Il est dommage que ce tribut d’outrages et d’indignités n’ait nullement épargné les enseignants. Embarqués de force dans des négriers roulants, ils ont été éconduits au milieu de l’océan sans boussole avec le beau reproche de répondre à l’appel de la patrie. Pour vous chers collègues la nuit sera très longue car les tâtonnements sombres des communiqués laconiques comme les caresses traîtresses d’un tweet insérieux vous ont trop endormis. Mais demain il fera jour et l’école rouvrira ses portes.