FAISE : Comment Khardiata Tandian a usurpé la signature de Sonko
Khardiata Tandian, ancienne cheffe du service juridique et partenariat de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex), revient en première ligne de l’actualité judiciaire. Cette dernière, déjà sous contrôle judiciaire dans une autre affaire relative à un trafic de passeports de service, n’a rien trouvé de mieux à faire que de falsifier la signature du Premier ministre Ousmane Sonko pour se faire recruter.
Selon Libération, qui donne l’information, l’affaire remonte au 3 mars. «Par lettre datée du même jour, l’administrateur du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise) a reçu une lettre de recommandation présumée écrite et signée par le Premier ministre Ousmane Sonko. La lettre [en question] présentait Khardiata Tandian comme un soutien actif de Pastef qui aurait même décliné le poste de ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères pour des raisons personnelles.»
«Dans la même missive, enchaîne la source, l’administrateur du Faise est instruit [par le chef du gouvernement] de recruter avec effet immédiat Khardiata Tandian comme conseillère spéciale et directrice à l’appui à l’investissement et aux projets.»
Le coup n’est pas passé puisque souligne le journal, Khoureychi Thiam, nouvel administrateur général du Faise, a pris le soin de faire «des vérifications auprès du Premier ministre». Ce dernier lui a sans surprise répondu «qu’il n’a jamais écrit cette lettre truffée de louanges envers Khardiata Tandian».
Thiam convoque alors Tandian. C’est ainsi que cette dernière sera cueillie sur place par la Division des investigations criminelles (Dic). La mise en cause nie être l’auteur de la lettre, «même si son nom et son numéro de téléphone y figurent».
Confondue par les caméras de surveillance, qui l’ont filmée en train de déposer elle-même, le 3 mars, vers 14H30, la fameuse lettre, elle passe finalement aux aveux.
Interrogée par les enquêteurs, S. Keïta, l’agent du Faise qui a réceptionné la lettre, confie que la mise en cause s’est présentée comme étant «madame Bâ de la Primature». Il s’y ajoute, avance le quotidien d’information, «qu’une perquisition [effectuée] au domicile de la mise en cause, à la Sicap Rue 10, a permis de mettre la main sur les habits qu’elle portait [en déposant la lettre]».
Dans ses aveux, reprend Libération, repris par Seneweb, Khardiata Tandian a balancé le nom de C. Z. Sy, gérant de «Cachet express». Elle a confessé «qu’après avoir elle-même écrit et imprimé la lettre [attribuée à Ousmane Sonko], elle a commandé le faux tampon de la Primature [auprès de Sy]»
Cueilli à son tour, ce dernier «fait semblant de ne pas connaître» la dame. Mais il sera trahi par l’exploitation du téléphone de cette dernière. Il ressort d’ailleurs des premiers éléments de l’enquête que le duo travaillait depuis 2021, complète Libération.
Passant à table, Sy fait des révélations détonantes, d’après la même source : «Il a avoué, par exemple, avoir confectionné en janvier dernier, plusieurs cachets à Khardiata Tandian dont des bons de commandes portant entête de la Présidence.»
Libération signale que «c’est la deuxième fois que la signature et le cachet du Premier ministre Ousmane Sonko sont usurpés».
«Courant août 2024, les services de renseignement avaient intercepté une fausse lettre de recommandation portant le cachet de la Primature. Dans cette lettre, les nommés Serigne Mbaye, Safiatou Sy, El Hadji Mamadou Diallo et Mohammed Aly Bamanka se faisaient passer pour des émissaires du chef du gouvernement et, de par ce subterfuge, ils avait réussi à être reçus par le ministre des Affaires étrangères de la Libye» avant d’être démasqués.
Avant de passer à l’acte dans la dernière affaire en date, Khardiata Tandian avait pourtant les assurances de son marabout que «la manoeuvre allait passer». Ce dernier, «impliqué dans le dossier», est activitement recherché. Il est en fuite, conclut Libération.