Les travailleurs des Ciments du Sahel tirent sur leur direction
Les travailleurs de la société Les Ciments du Sahel se considèrent comme des esclaves dans leur propre pays. C’est en tout cas ce qu’ils ont indiqué dans un communiqué de presse dénonçant le non-respect des droits des travailleurs dans cette cimenterie. Indiquant que «la convention minière liant Les Ciments du Sahel, basés à Kirène, à l’Etat du Sénégal arrive à terme ce 22 février 2025», ils invitent «le gouvernement à veiller au respect scrupuleux du droit du travail en vigueur dans le pays, dans le cadre du renouvellement de ladite convention».
Les travailleurs estiment que cela «doit être une condition sine qua non au renouvellement de la convention minière». Dans leur document, les employés des Ciments du Sahel et les licenciés dénoncent «une entrave systémique à la liberté syndicale». Remontant à l’année de la mise en marche de cette usine, 2002, ils informent que la «direction des Cds refuse l’organisation des élections des délégués syndicaux, avec la complicité de l’Inspection régionale du travail de Thiès». D’ailleurs, ils soulignent qu’en 2011, «une tentative de formation syndicale a été violemment réprimée, à travers des licenciements massifs et injustifiés». Et, révèlent-ils, «cette répression a instauré une atmosphère de peur, où l’intimidation est devenue la norme et une culture d’entreprise». En plus, les travailleurs fustigent le fait que «depuis plus d’une année, le dossier des travailleurs portant création d’un syndicat des industries extractives et de prospection minière dort au Tribunal de grande instance de Thiès».
Outre la liberté syndicale qui est bafouée, les travailleurs soutiennent que leurs droits élémentaires sont violés au quotidien. «Au mois d’août 2023, elle a mis un terme à des contrats de travail sans préavis, en violation absolue du Code du travail, pour des motifs fallacieux relatifs à la liberté syndicale. Les heures de travail dépassent les 49 heures par semaine, alors que le Code du travail en autorise 40. Et quand il s’agit de payer les heures supplémentaires, la direction sous-évalue celles-ci pour débourser moins. Outre le manque d’équipement, des dizaines de journaliers ont fait plus de 10 ans dans l’usine sans que la direction ne leur offre la moindre opportunité de bénéficier d’un contrat de travail», dénoncent les travailleurs.
Poursuivant leurs récriminations, ils informent que sur «1200 employés permanents et 500 journaliers, seule la moitié des travailleurs permanents est déclarée à l’Ipres et à la Caisse de sécurité sociale».
Par ailleurs, dénoncent-ils, «malgré ses immenses carrières minières, la société Les Ciments du Sahel se réclame toujours du secteur du Bâtiment et des travaux publics (Btp), tout un système pour bénéficier d’exonérations fiscales de la part de l’Etat du Sénégal et se dérober au paiement des salaires et primes appliqués dans le secteur minier». Et de regretter : «Une situation injustifiable et inacceptable pour une société qui fait un chiffre d’affaires équivalant à 1, 2 milliard F Cfa par jour et une production journalière de 18 000 tonnes de ciment.» Les travailleurs demandent ainsi au gouvernement de «rappeler à l’ordre la direction des Cds et à prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir les travailleurs dans leurs droits». Dans la même veine, ils souhaitent que «la complicité flagrante de l’Inspection du travail de Thiès à l’endroit de la direction des Cds cesse». «L’application du «Jub-Jubal-Jubanti», qui fait effet positif ailleurs, ne saurait laisser en rade les travailleurs des Ciments du Sahel», clament les travailleurs.