Mandiaye Gaye : « Un beau discours encore du président Diomaye, mais… »

Mandiaye Gaye
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Un beau discours encore du président Diomaye, mais comme les précédents, évanescent.

 « En cette audience solennelle qui marque la rentrée des Cours et tribunaux, je voudrais rappeler l’importance de la Justice dans la consolidation des principes fondamentaux de notre République. Elle est le régulateur des relations entre les différents pouvoirs et les institutions ; la gardienne des libertés individuelles et collectives ; le bouclier qui protège chaque citoyen de l’arbitraire. Sous ce rapport, les justiciables doivent sentir que la Justice est un rempart contre l’arbitraire et non pas un instrument d’arbitraire.
C’est pourquoi, l’une des premières décisions de mon mandat a été de convoquer les Assises de la Justice autour du thème « la Réforme et la Modernisation de la Justice ».
Ce dialogue national, que j’ai voulu inclusif et participatif, a permis à des représentants de tous les secteurs socioprofessionnels, organisés en commissions, de dresser un diagnostic approfondi et précis sur la Justice afin de la débarrasser de ses maux. »
Encore et toujours, un beau discours de plus, du président de la République, Diomaye Faye. Eh oui, comme ses discours précédents, celui-ci n’est aussi malheureusement, fait que de vœux pieux en direction de la justice. Mais cela ne fait aucun doute que, c’est évidemment pour contenter et calmer les Sénégalais, épris de justice équitable, non arbitraire et non discriminatoire. Mais crédules, ces derniers continuent toujours de croire aux discours populistes, qui recoupent malheureusement, avec leur désir de citoyens avides de justice notamment, la justice sociale.

Mais, tout cela n’est que de la poudre jetée encore aux yeux des Sénégalais, depuis leur arrivée au pouvoir, il y a 10 mois. Ce beau passage, au tout début du premier discours du président Diomaye à la rentrée des Cours et Tribunaux, est effectivement réconfortant et rencontre l’assentiment du vœu ardent de tous les citoyens sénégalais. En l’occurrence ceux-là qui rêvent, d’une justice égalitaire, dépourvue de toute partialité, de discrimination, non inféodée à l’exécutif et ne soit pas sous ses ordres. Mais il est incontestable et cela saute aux yeux de nous tous que, la pratique de la justice, appliquée sur le terrain, sous les ordres du Pm, divorce et, est en totale contradiction avec les propos fortement soulignés dans le discours du président. Et, ce beau passage susvisé, au tout début du premier discours du président Diomaye à la rentrée des Cours et Tribunaux, est effectivement, réconfortant et, rencontre l’assentiment le vœu ardent, de tous citoyens sénégalais qui rêvent d’une justice égalitaire, dépourvue de toute partialité, non inféodée et non aussi, sous les ordres de l’exécutif.

Comme par exemple, lorsque le Pm dit ouvertement ceci : « Je suis le Premier ministre du Sénégal. J’ai le droit de donner des ordres au ministre de l’Intérieur et à celui de la Justice. Ce dernier est une autorité politique, ce n’est pas une autorité judiciaire. Des gens disent qu’il a une indépendance, qu’on ne peut lui donner des injonctions. Si je lui dis de poursuivre Déthié, il n’a pas le droit de ne pas appeler le procureur général…»  Cette déclaration du Pm est scandaleuse et inadmissible, pour toute personne éprise de justice. Elle a été pourtant faite officiellement, par le Pm à la face du monde. Et celle-ci contredit de manière flagrante les propos, tout aussi officiels et mieux, solennels du président de la République Diomaye Faye. 

Mais, est-ce que, le président de la République se rend compte de cette dichotomie au sein de l’exécutif, c’est-à-dire entre ses déclarations et la pratique de son Pm ?

En tout cas, toutes ces arrestations, opérées depuis votre accession à la présidence de la République, tant au sein de l’opposition que dans les rangs des simples citoyens, transgressent les règles de droit, notamment la présomption d’innocence, les libertés individuelles et collectives des citoyens. C’est ainsi que, des citoyens sont aujourd’hui mis en prison sur la base de simples soupçons de dénonciations fantaisistes, émanant de prétendus lanceurs d’alerte sans visage, mais de vrais délateurs. Nous constatons donc, que de sous des prétextes fallacieux, des journalistes, des hommes politiques, comme le cas de Moustapha Diakhaté qui croupit en prison pour un mot en Wolof dont beaucoup d’entre nous sont incapables de donner le sens exact ; des députés sont déchus de leur mandat illégalement par des manoeuvres politiques, hommes d’affaires et politiques, comme Samuel Sarr qui est en prison pour une affaire nébuleuse. Farba Ngom est soupçonné de blanchiment d’argent et sous le coup de la déchéance de son mandat de député. Toutes ces affaires sont au vu et au su de la justice et des magistrats mais, voici qu’ils s’abstiennent alors, qu’ils devaient intervenir pour dire le droit au nom du peuple. 

Monsieur le président de la République, ce que vous avez dit sur le rôle et la place centrale de la justice dans la société et la gouvernance d’un État de droit, est très juste, mais malheureusement, tous vos beaux discours ne sont que de vains mots, puisqu’ils ne sont pas appliqués et concrètement mis en œuvre. Cela est fait volontairement et de manière délibérée par certains de vos collaborateurs. 

Ensuite, parmi les causes qui ont enfanté les maux de la justice et conduit à cette situation de déni de justice, figure en bonne place, la collusion entre le pouvoir politique et les magistrats à la tête de certaines institutions judiciaires. Autrement dit, il n’existe pas effectivement, la séparation des pouvoirs au Sénégal, pourtant tant décriée par les citoyens et des politiciens, lorsqu’ils sont dans l’opposition. 

Mais en dernier ressort, il n’y a qu’un seul et unique responsable devant le peuple sénégalais, c’est vous, monsieur le président de la République. Car, c’est vous qui êtes élu par le peuple, qui a fait aussi de vous, le gardien de notre constitution. Par conséquent, vous avez la lourde et haute charge monsieur le président, de veiller scrupuleusement, à son application stricte et dans les règles de l’art, comme vous avez juré de le faire dans votre prestation de serment devant tout le peuple sénégalais. Et, c’est à lui seul, le peuple sénégalais, que vous devez rendre compte demain. Car, tous les autres responsables, ne sont que vos collaborateurs que vous avez bien voulu nommer. 

Après, ce beau discours, parfaitement, dans les règles de l’art en matière de justice, nous osons espérer que, le président de la République que vous êtes, prendra la pleine mesure de ses responsabilités et attributs de chef de l’Etat que, la constitution vous a conférés, pour mettre de l’ordre dans cette justice qui cafouille et ne marche plus sur ses deux jambes, depuis fort longtemps, d’où la nécessité de sa réforme devenue indispensable pour la bonne marche du pays dans les règles de droit. 

Malheureusement, les fameuses assises de la justice dont vous faites référence, n’ont rien accouché de positif, pour soigner les vrais maux de notre justice. Certes, vous les avez évoquées et soulignées dans votre discours, mais elles n’ont pas du tout, répondu à l’immense attente et espoir de nombreux justiciables sénégalais. Loin s’en faut, même si vous, vous en faites de l’autosatisfaction, tel n’est pas la réalité. 

Monsieur le président de la République, lorsque, la justice de votre pays part dans tous les sens, il vous revient d’agir rigoureusement et dans les meilleurs délais, pour rétablir l’ordre, c’est-à-dire remettre les pendules à l’heure et choses à leur juste place et au bon endroit. Monsieur le Président de la République, il est urgent que vous remettiez enfin, de l’ordre dans la justice sénégalaise pour l’intérêt supérieur de la nation, rassurer tous les citoyens sans exception, en traduisant dans les faits et par des actes concrets, que tous les citoyens sont au même pied et égaux devant la loi. Car, votre devoir, de premier magistrat du pays, vous y oblige mais aussi, pour l’image que l’histoire retiendra de vous et votre magistrature.

Rappelez-vous du discours historique du président Kéba Mbaye, à propos de la justice mais aussi, du respect scrupuleux et la sauvegarde des droits et libertés des citoyens. Enfin, le silence, des magistrats qui ont pourtant, prêté serment pour dire le droit en leur intime conviction et, en âme et conscience, est devenu troublant et pose un problème très sérieux aux justiciables, hommes d’affaires nationaux mais aussi, partenaires étrangers du Sénégal. Tous ceux-là sont en train de perdre confiance en la justice sénégalaise et par conséquent, ils ne se sentent plus, en sécurité dans ce pays.

Mandiaye Gaye

 

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