Le parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) est désormais aux commandes. Ousmane Sonko et ses hommes contrôlent tout dans le pays. Les patriotes veulent changer les habitudes. Malheureusement, les nouveaux tenants du pouvoir suivent aveuglément les pas de leurs prédécesseurs. Au moment de la reconstruction, ce serait dangereux de faire les mêmes erreurs surtout sur le plan judiciaire.
Le Président Bassirou Diomaye Faye a indiqué la voie dès le début de son mandat. Il a initié les assises de la justice. Plusieurs recommandations ont été faites au chef de l’État qui a promis de les appliquer. Beaucoup d’espoir commence à germer au sortir de ses assises. On a vu une nouvelle démarche de la justice. Mais les nombreuses arrestations commencent à inquiéter au sein des populations qui ont voté pour le changement. Les critiques contre le premier ministre commencent à coûter cher aux opposants de l’autre bord.
Moustapha Diakhaté mis en garde à vue à l’issue de son audition
Les derniers à être arrêtés sont Adama Gaye et Moustapha Diakhaté. L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar a été placé en garde à vue, vendredi, sur instruction du procureur de la République. Il est accusé d’avoir proféré des «insultes par le biais d’un système informatique, de manœuvres et d’actes de nature à compromettre la sécurité publique, ainsi que de troubles politiques graves». Le même sort pour le journaliste Adama Gaye qui a passé sa première nuit de détention. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles. Des arrestations qui se passent de tout commentaires sur les réseaux sociaux.
Qui est coupable ? Et qui ne l’est pas ? C’est à la justice de le déterminer. Mais une chose est sûre, le nouveau régime ne doit pas faire moins que Macky Sall. On ne peut pas déshabiller Paul pour habiller Jacques. Au moment où des personnes n’appartenant pas au parti au pouvoir sont arrêtés, des membres de Pastef s’illustrent de la pire des manières. Des personnes se réclamant de ce parti tiennent parfois des discours qui dépassent l’irresponsabilité. Des discours qui menacent même la sécurité publique.
En pleine campagne, les sénégalais ont entendu un candidat de Pastef demander à ses militants de s’armer. Un autre candidat est venu jusqu’à Dakar pour appeler à la vengeance. Et pourtant, aucun d’entre eux n’a été inquiété par la justice. Dans des images qui circulent sur les réseaux sociaux on voit un «docteur» membre de Pastef, insulter publiquement toute personne qui tenterait de manifester sous le magistère du duo Sonko-Diomaye. Malgré la gravité de ces propos toujours disponibles sur la toile, ces individus sont en liberté au moment où d’autres insulteurs cogitent sur leurs sort en prison.
De soi-disant influenceurs se permettent tous les abus sur les réseaux sociaux. Leur seul mérite c’est d’être les nouveaux «Niang Xaragne» du pouvoir. Et ce n’est pas Azoura Fall qui dira le contraire. Lui qui est allé jusqu’à traiter le père de Barthélémy Dias de «gorille». Voilà les genres de pratiques que les sénégalais voulaient voir disparaître sous le régime de Bassirou Diomaye Faye. Malheureusement, certains zélés se croient tout permis parce-qu’ils ont des connexions avec le régime en place. Il est temps pour Pastef de séparer la bonne graine de l’ivraie s’il veut éviter la colère des sénégalais.
Ce parti a toujours laissé certains types d’individus prospérer en son sein. Ils veulent que tout le monde jurent par le PROS (Président Ousmane Sonko). Les personnes qui refusent de s’aligner à cette doctrine sont insultées sur la toile. Elles sont agressées verbalement et taxées de «nafekhs» tout simplement parce qu’elles ont des avis contraires aux patriotes. Et c’est la meute sur les réseaux sociaux qui fait le sale boulot.
Le nouveau régime doit mettre fin à cette notion de «justice à double vitesse». Comme l’a si bien rappelé un membre de Pastef sur Facebook : «Depuis que Pastef est aux manettes (7 mois), aucun de ses ministres, DG, ni militants n’ont été inquiétés par la Justice et Dieu sait qu’il y a matière». Et il n’a pas tort. Qu’est devenu le scandale ONAS ? Quand les sénégalais sauront-ils réellement les dessous de l’affaire ASER ? Qu’est-ce que le parti au pouvoir compte faire des patriotes qui passent leur temps à insulter et menacer les détracteurs de leur leader ? Autant de questions qui restent sans réponses.
Mais une chose est sûre, le Président Bassirou Diomaye Faye ne protégera personne. «La proximité avec la coalition présidentielle ne protège personne face à la loi si ce dernier ne l’a pas respectée», avait-il déclaré. Une déclaration qui donne les pleins pouvoirs à la justice pour sanctionner les «délinquants» de Pastef au même titre que les autres. Voilà la véritable rupture. Rupture à laquelle ont adhéré 54% des sénégalais.
Aliou Niakaar Ngom pour xibaaru.sn