Après trois mois au pouvoir, le tandem Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye Diakhar Faye aborde un nouveau tournant de leur règne. Dans un entretien accordé à Xibaaru, le président du Parti Social-Démocrate/Jant-Bi (PSD/Jant-Bi) a fait le bilan à mi-parcours du nouveau régime. Il souligne d’emblée que cent (100) jours, c’est peu pour tirer un bilan sur un mandat de cinq (5) ans.
«90 jours ne nous permet pas d’apprécier la teneur d’un régime surtout quand on sait que ceux qui ont été élus ne sont pas venus avec un vécu et un background dans le secteur. Je pense que c’est leurs premiers postes les plus élevés. Alors il faut comprendre qu’il y ait des tâtonnements», déclare l’ancien ministre d’Etat qui rappelle qu’on apprend pas à gérer un Etat. «C’est dans le vécu raison pour laquelle les gens ont un cursus, un bago avant de venir à ce niveau de responsabilité», dit-il. Ce sont 54% de sénégalais qui ont voté pour le président Bassirou Diomaye Faye, alors Mamour Cissé comprend la volonté de la population de vouloir changer les choses. «Ils ont élu des gens sur lesquels ils pensaient pouvoir avoir ce qu’ils cherchaient», fait-il savoir.
Ce que retient M. Cissé est que le «nationalisme est une réalité». Sur les politiques définies, «on attend de voir des résultats concrets de la nouvelle campagne agricole. Ce que ça sent n’est pas mauvais et égal à ce que l’on a vécu. Tantôt, le président Macky Sall a eu à amener le budget du ministère de l’Agriculture à 100 milliards. Mais les populations ne l’avaient pas ressenti comme il le fallait», dit-il tout en rappelant qu’au-delà des slogans, les sénégalais sont dans l’attente du nouveau gouvernement.
Le nouveau régime semble disposé à faire payer à toutes les entreprises leur impôts. Mais Mamour Cissé est d’avis que la «fiscalité ne saurait être la politique de l’Etat du Sénégal». «Il faut des mesures d’accompagnement tout en sachant que depuis la Covid, des mesures ont été prises. Des mesures de soutien qui n’ont jamais prospérer dans le secteur de l’entreprise», rappelle le leader du PSD/Jant Bi. Qui estime que le nouveau régime doit payer certaines subventions.
Sur le plan institutionnel, Mamour Cissé estime qu’on ne peut plus réinventer la roue. «Les assises qui se sont passées pour la justice auraient pu être contournées. Nous avons aujourd’hui le mécanisme. Ce dont il s’agit fondamentalement est de permettre à ceux qui sont censés exercer ce pouvoir-là de balayer, dans l’indépendance la plus totale, pour pouvoir exercer pleinement leur métier comme il se doit sans entrave», déclare-t-il. L’ancien ministre demande à ce que le cordon ombilical qui relie le parquet au ministère de la justice soit coupé.
Abordant la question sur la présence de Bassirou Diomaye Faye au sein du conseil supérieur de la magistrature, Mamour Cissé se veut catégorique : «je fais partie de ceux qui pensent que le président de la République doit quitter le Conseil supérieur de la magistrature». Mais pour lui, il ne «faudrait pas qu’on ait une république des juges». «C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut quelques contrepoids. L’essentiel des décisions qui seront issues de ces magistrats seront gérées par eux-mêmes», dit-il dans l’entretien accordé à la rédaction. Allant plus loin, il juge utile que toutes sanctions et autres soient gérées par les magistrats. Toutefois il demande à ce que les représentants du peuple puissent siéger de manière consultative dans ce conseil supérieur de la magistrature.
Un développement du Sénégal, selon lui, ne pourra se faire que si les sénégalais ont entre leur main l’essentiel des activités économiques. «Au nom de quoi les qataris, les koweïtiens et les autres doivent avoir le monopole de l’économie», s’interroge l’invité de la rédaction. Qui estime qu’«On ne peut créer dans ce pays une entreprise si on n’est pas en partenariat avec un sénégalais qui puisse au minimum détenir 50%». «Il y’a des communautés qui ont des pouvoirs que vous ne pouvez avoir dans votre pays. C’est des choses à revoir», dit-il tout en invitant ses communauté à s’associer aux sénégalais pour participer au développement du pays.
Il invite les nouvelles autorités à mettre l’entreprise sénégalaise au cœur de l’activité économique. «Nous rencontrons beaucoup de gens dans la rue pour voir comment ils clochardisent le pays», s’indigne-t-il. Il demande par ailleurs, à ce que la situation des Jakartas dans la capitale et l’occupation anarchique soit réglée avec fermeté. «C’est des attentes que nous avons des nouvelles autorités», dit-il. Car selon lui, «ce sont des mesures que tous les sénégalais soutiennent».