Le président Macky Sall subit les pires critiques de son règne de président depuis qu’il a repoussé l’élection présidentielle du 25 février 2024. Et il a même confirmé sa peine face aux critiques des médias internationaux. Depuis lors, il enchaîne les problèmes. L’opposition s’est radicalisée davantage contre lui, son image est ternie par une société civile radicalisée. Pour couronner le tout, la coalition Benno Bokk Yakaar est absente du terrain. Ceux qui défendent le projet du chef de l’Etat se font rares. Le commandant est obligé d’aller au charbon tout seul. Ce qui compromet le dialogue qu’il tente d’instaurer depuis le 3 juillet.
Le Président Macky Sall tente de réparer ses erreurs. En abrogeant le décret convoquant le corps électoral le 25 février prochain, il est devenu une cible. Il est attaqué de tout bord. Opposition, société civile et sénégalais lambda ne ratent aucune occasion pour lui tirer dessus. Face à la situation actuelle, il a accordé un entretien à quatre (4) médias sénégalais. Lors de cette rencontre, il a donné des garanties. Ce qui met fin aux rumeurs selon lesquelles il voudrait confisquer le pouvoir.
Mais cela ne règle toujours pas la situation. Le problème majeur c’est l’organisation de l’élection présidentielle. Aucune date n’est encore fixée. Macky Sall cherche à se concerter avec tous les acteurs. Malheureusement, son appel s’est heurté au refus d’une bonne partie de l’opposition et de la société civile. Seize (16) candidats ont décidé de ne pas répondre à l’appel du chef. De nombreux candidats spoliés ont aussi refusé la main tendue du chef de l’Etat. Seuls les premiers ministres (Amadou Ba, Mahammed Boun Abdallah Dionne et Idrissa Seck) ont donné leur accord.
Alors avec qui Macky Sall va-t-il dialoguer ? Toutes les personnes censées pacifier l’espace public préfèrent rester dans la résistance. Ce qui prédit un grand échec de ce dialogue. Une chose qui pouvait être évitée par le président partant. L’actuel locataire du Palais pouvait fixer une date en parfaite adéquation avec le code électoral et la Constitution. Mais il préfère le dilatoire. Tout comme avec le troisième mandat, le leader de la coalition Benno Bokk Yakaar continue d’entretenir le flou. Toutefois, il joue a un jeu très dangereux qui risque de le consumer avec tout son entourage.
Si Macky Sall se retrouve dans cette situation c’est parce qu’il est abandonné. Depuis qu’il a pris cette décision unilatérale, son entourage est restreint. Certains de ses militants ont pris la poudre d’escampette. D’autres jouent au petit guerrier en défiant le chef. N’ayant pas le courage de partir, ils attendent d’être virés. Sur les plateaux télés, ils se font de plus en rares les membres de Benno Bokk Yakaar qui défendent le locataire du Palais. Douze (12) ans au cœur du régime, ils sont aphones au moment où leur leader est en très mauvaise position. Ils ont tout bonnement laissé le «boss» se noyer dans ses erreurs de fin de règne.
Toutes les sorties médiatiques de Macky Sall sont pour redorer son image. Sur le plan international, il est lynché chaque jour. Si ce ne sont pas les médias étrangers, ce sont les représentations diplomatiques qui se mêlent de notre politique intérieure. Une opération de com qui a poussé le chef de l’Etat a exprimé son mécontentement. « Personne ne peut dire que le président de la République abrogeant le décret n’était pas dans son droit. Pourquoi toute cette levée de boucliers, toute cette campagne de presse qui sont aux antipodes de ma pratique de démocrate », s’est-il interrogé.
Quoiqu’il en soit, les alliés de Macky Sall n’ont pas joué leur rôle. Le président ne peut pas être sur tous les fronts. Benno devrait au moins porter le combat de la réconciliation. Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye pouvaient aider le président à convaincre l’opposition à aller à la table du dialogue. Que dire des femmes de Benno ? Rien du tout. Elles sont plus préoccupées par leurs petites personnes. D’ailleurs, elles se sont déjà séparées en deux groupes. Avec de tels compagnons, le locataire du Palais est coincé entre échec et perte de notoriété.
Macky Sall est seul face à son destin. Abandonné avec à une opposition hostile, il n’a qu’à relancer le processus électoral. C’est la seule manière de sortir de cette crise. Toute autre voie prise ne sera pas sans conséquences !
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru