Le Président Macky Sall continue de surprendre son monde. Voilà un leader qui sait faire parler de lui. Le locataire du Palais est en train d’achever son dernier mandat. Malgré le report de l’élection présidentielle, il compte quitter le pouvoir. Mais il le fera selon certaines conditions. Le commandant en chef va passer par la voie du dialogue pour arriver à ses fins. Cette voie prise par le patron de Benno Bokk Yakaar condamne les autres candidats à suivre. Même les leaders du parti dissous seront bien obligés de s’asseoir à la table de Macky.
La président n’a toujours pas encore trouvé la bonne formule pour organiser l’élection présidentielle. Pourtant il n’a pas eu de problème pour l’annuler. Ses calculs tombés à l’eau, Macky Sall semble avoir trouvé une autre solution. Pour sortir de la crise dans laquelle il a mis les sénégalais, le chef opte pour le dialogue. Depuis son discours du 3 juillet, il ne cesse d’appeler toutes les parties à la table des négociations. Un appel que certains leaders refusent. La coalition Diomaye Président se veut clair : «Elle exige la poursuite du processus électoral tel que confirmé par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 20 février 2024».
Face à la presse, le Président Macky Sall a confirmé que son mandat allait prendre fin ce 2 avril. Pour respecter les recommandations du Conseil constitutionnel, ce sera aux candidats de fixer une date… « Il me semble que les candidats ont exprimé leur volonté de participer au dialogue. Il y a également les partis politiques (…) A ma connaissance, tous les candidats ont accepté de dialoguer. Il n’y a pas de candidat qui refuse de dialoguer », a-t-il déclaré. Le Président serait même prêt à élargir les leaders de l’ex Parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) de prison.
Une info démentie par la coalition « Diomaye Président ». Le porte-parole de ladite coalition dénoncé ce dialogue anticonstitutionnel…
L’opposition sait quoi faire pour qu’une élection soit organisée. Ce dialogue appelé par le président ne sera pas sans conséquence pour l’opposition. Macky a fixé les règles, c’est aux candidats de les respecter. Mais au sein de l’ex parti dissous on ne parle pas le même langage. Bassirou Diomaye Faye et Cie ne sont pas prêts à faire des compromis avec le régime qui a fait plusieurs morts. Cette branche de l’ex Pastef est hostile à toute idée de dialogue. Ce qui ne facilitera pas les choses car c’est le petit patriote de Ndiaganiao qui est le candidat.
De l’autre côté, Ousmane Sonko serait prêt à tout pour sortir de prison. Un médiateur très bavard du maire de Ziguinchor continue de révéler le contenu de leurs discussions. Selon Pierre Atepa Goudiaby, Ousmane Sonko lui a exprimé sa volonté de voir les détenus libérés. Le maire de la ville de Ziguinchor a également exprimé sa préoccupation quant à la situation du candidat Bassirou Diomaye Faye en prison. Ce qui veut dire que le patriote en chef est prêt à négocier. Tout le contraire de son petit protégé.
Les patriotes sont obligés de négocier. Le pouvoir a lâché du lest. Même si Macky Sall avoue n’avoir aucune mainmise sur les décisions de justice, les vagues de libération disent le contraire. Si Sonko et Diomaye sont assez malins, ils devront saisir la main tendue du président. En politique, il faut savoir être malin et jouer sur toutes les cartes. Malheureusement, l’immaturité de certains opposants les perd toujours. Le maire de Ziguinchor doit apprendre de ses erreurs passées.
Mais l’ex Pastef ne sera pas le seul parti à poser problème. Candidats spoliés et ceux validés ne vont sûrement pas se mettre d’accord sur une date. Alors, ce dialogue du président sera plus un problème qu’une solution. En vertu des pouvoirs que lui confère la Constitution, Macky Sall va devoir prendre ses responsabilités. S’il veut rester dans le temps, le président de la République sera obligé de fixer une date de l’élection présidentielle. Il n’y a que comme ça qu’il pourra redorer son image.
La balle est désormais entre les mains des acteurs politiques. Ils ont deux (2) jours pour mettre fin à la crise. S’ils arrivent à trouver une date, Macky Sall suivra. Le Président de la République tient à son prestige international. Sonko et Diomaye doivent en profiter pour revenir en force dans le jeu politique.
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru