Réussir le défi de donner un métier à chaque jeune
Notre pays a une population très jeune. C’est un atout, un défi et surtout l’espoir d’une transformation économique et sociale rapide.
La jeunesse ne peut pas seulement être regardée sous la seule lorgnette des bouches à nourrir, des écoles à construire, des enseignants à recruter, des centres de santé à bâtir, des emplois à créer.
La jeunesse est bras et cerveaux, intelligences et forces de travail, créativité et innovation, énergie et générosité enfin un espoir de lendemain meilleur.
C’est la formation professionnelle et technique qui va transformer l’énorme potentiel que renferme la jeunesse de force de travail brute en force de travail experte, de capacités créatives en compétences innovantes, d’intelligence naturelle débridée en expertise avérée recherchée.
C’est pourquoi il sera impératif d’opérer une rupture radicale dans l’éducation et dans la société.
Il faudra mettre l’accès à un métier comme premier objectif de l’école.
Pour réussir cet objectif il faudra changer les mentalités en valorisant le parcours professionnel et technique par rapport à l’enseignement général, le métier par rapport au gratte-papier, la pratique par rapport à la rhétorique en définitive le travail par rapport à la parole.
En fait nous devrons initier une transformation des mentalités qui va conduire à une inversion des mentalités.
Le travail manuel, le travail de fabrication, le travail de construction, le travail de conception et le travail de développement doivent être promus, valorisés et permettre une promotion sociale réelle et visible.
La construction des centres polyvalents de formation professionnelle et technique ( CPFPT) doit prendre le pas sur la construction de collèges d’enseignement moyen ( CEM) comme d’ailleurs la construction de lycées techniques et professionnels sur celle de lycées d’enseignement général.
Le choix pour un élève, qui termine l’école élémentaire, de continuer ses études dans un parcours professionnel ne doit pas résulter de la faiblesse de son niveau d’étude mais de son choix personnel guidé par sa motivation individuelle à embrasser un métier.
L’ambition d’avoir un métier doit se substituer assez rapidement au fétichisme des diplômes d’enseignement général.
Cette nouvelle mentalité sera maintenue et pérennisée grâce à la mise en œuvre d’une politique de transformation économique créatrice d’entreprises et d’emplois et un artisanat fort.
Sans cette politique économique, l’effort de financement de la formation professionnelle et technique va très vite atteindre ses limites comme d’ailleurs la capacité d’insertion des formés.
La réussite d’une politique de formation professionnelle est intimement corrélée avec la réussite d’une politique d’emploi.
Lors qu’avoir un métier deviendra l’objectif de tout garçon et de toute fille, le Sénégal sera alors, sans aucun doute, sur la voie de la construction du bien-être de sa population.
Dakar, 1er septembre 2023
Prof Mary Teuw Niane