Mandat illimité…comment Macky va éviter le « suicide » politique
Les prochaines élections législatives du 31 juillet 2022 sont d’une importance capitale. Les partis politiques, coalitions et candidats indépendants ont compris les enjeux. Raison pour laquelle ils se font la guerre. Mais du côté du pouvoir, ces joutes électorales ne sont pas de simples élections. Elles vont déterminer si oui ou non, le président Macky Sall fera un troisième mandat. Alors pour éviter de se pendre par le cou, le locataire du Palais doit éviter de prendre les mauvaises décisions le moment venu.
Décidément, la question du troisième mandat est toujours d’actualité. A chaque fois que les sénégalais pensent avoir évacué un problème, il refait surface. A deux mois des élections législatives, le mandat du chef de l’Etat fait la une de certains journaux. Dans un entretien avec Jeune Afrique, il a encore évoqué la question. « Je répondrai à cette question après les législatives. Il sera alors temps de fixer le cap de 2024. En attendant, nous avons du travail, et nous n’avons guère le loisir de nous disperser », a-t-il déclaré.
« Fixer le cap pour 2024 », cette phrase laisse dubitatifs certains analystes politiques qui soupçonnent que le président fera un troisième mandat s’il réussit à avoir une majorité à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, cette réponse du chef de l’Etat n’est pas trop loin de celle de son chef de cabinet. « La candidature de Macky Sall en 2024 est dans les résultats de 2022… », telle était la déclaration de Mahmoud Saleh à la veille des élections locales. Alors si réellement, le chef de l’Etat est tenté par le diable pour briguer un troisième mandat, il est en train de commettre un suicide politique.
La Constitution sénégalaise est claire sur la question : « La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Et au cas où le locataire du Palais tenterait d’aller outre la Constitution, il trouvera devant lui les mêmes personnes qui avaient barré la route à Abdoulaye Wade en 2012. Et sans le savoir, il vient de donner à l’opposition des arguments de campagne.
La question du 3e mandat sera le cheval de bataille des certains opposants « cabines téléphoniques ». Mais en bon Républicain, Macky Sall a la possibilité de bien faire chose pour éviter que le pays ne devienne le nouveau terreau des militaires qui n’attendent que la bonne occasion pour prendre le contrôle dans les pays Ouest-Africain. Alors pour la sauvegarde de l’Etat de droit, Macky Sall, président en exercice de l’Union Africaine, devrait clairement édifier les sénégalais.
Et la meilleure réponse qu’il puisse donner est de dire qu’il ne briguera pas un autre mandat. Dans ce cas de figure, la tâche sera simple pour lui mais aussi pour Benno Yakaar. Le commandant en chef va mettre en scène l’un de ses fidèles qu’il garde en coulisse pour représenter le parti en 2024. Celui-ci devra avoir le soutien de tous les membres de cette machine politique pour pouvoir faire face à de nouveaux types d’adversaires.
De bons profils, Macky Sall n’en manque pas. Mahammed Boun Abdallah Dione, Amadou Ba, Antoine Félix Diome ou Mouhamadou Makhtar Cissé, l’un d’eux pourra faire le job en 2024. Ce qui évitera au chef de l’Etat d’être sous le feu des critiques. Aussi difficile que puisse être la décision, elle permettra au patron de Benno de prendre de la hauteur en inscrivant son nom dans les annales de l’histoire du Sénégal et d’Afrique. Alors, les conseillers du président devraient lui suggérer d’abandonner ce projet de mandat illimité. Car ce serait une très grande erreur vue le contexte actuel…dans la sous-région.
Les élections législatives seront déterminantes dans la marche du pays. Les sénégalais auront un aperçu de ce que sera 2024. Pour éviter que notre pays soit embarqué dans un cycle infernal de manifestations meurtrières, le président Macky Sall doit éviter tout projet de troisième mandat. Mais reste à savoir, que deviendra le Sénégal entre les mains d’une opposition « inexperte »
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru