Le football n’a pas de frontière ni de couleur, il est tout simplement magnifique et universel.
Imaginez-vous qu’un homme de nationalité italienne est tombé amoureux de l’équipe nationale du Sénégal au point d’essuyer toute sorte de quolibets. Le jeune homme s’est même lancé à chanter les louanges et la lignée de Sadio Mane tel un griot sénégalais. Libéré par la première coupe d’Afrique de l’histoire des lions, Lorenzo a laissé parler ses émotions en racontant son idylle avec le pays de la Teranga.
« Il y 20 ans exactes j’ai choisi le Sénégal ».
J’étais encore enfant, et j’étais le seul de ma ville à porter ce maillot. Tout le monde portait le maillot de l’Italie, l’équipe nationale, ou de l’Argentine, du Brésil, du Milan, de l’Inter, de la Juve.
On se moquaient de moi. Dans ma classe d’école, ils m’avaient surnommé « Vu Cumpra’». Ils n’avaient aucune de considération pour les équipes africaines, mais moi j’aimais le Sénégal.
Un jour quand je jouais au foot dans la rue, le petit caïd du quartier a même essayé d’arracher mon maillot. Je suis rentré chez moi avec un peu d’ecchymoses et de courbatures, mais le maillot était intacte, je l’avais défendu.
On me disait que si vraiment je voulais supporter une équipe étrangère il fallait que je choisisse une équipe gagnante. Mais j’ai persisté à vouloir supporter le Sénégal. Compétition après compétition, malgré les désespoirs et les victoires manquées.
En parlant de hier soir, je ne serais même pas décrire mon état d’âme au commencement du match, avec 2 heures de sommeil (cette nuit je n’ai même pas dormi). Je ne me souviens plus des prolongations, j’ai un vide, j’étais dans un état confusionnel.
Aux tirs au but, je me suis réveillé, mais mon cœur battait à 100 à l’heure. Arrivé le tir de Mané, il a arrêté de battre pour un instant.
Et puis le miracle.
La beauté.
Le bonheur.
Merci infiniment d’avoir repayé ma mise « all in » sur le Sénégal il y a une vingtaine d’années.
Quand je me revois, à l’époque où j’étais écolier, seul avec ce maillot, je pense à un coursier d’Albuuri qui s’appelait: Wéetum Gaynde. Wéetum Gaynde, née du ko teere xeex.
Des fois, mêmes des sénégalais, m’ont dit de m’enlever ce maillot, que ce n’est pas celui de mon pays. Ça fait mal au cœur certes, mais comme je l’ai défendu des voyous du quartier quand j’étais enfant, je le défends fièrement aujourd’hui et je le défendrai, quoi qu’il arrive, dans les jours qui viendront. Je ne changerais pas le fusil d’épaule, je ne retournerais pas ma veste, quelques soient les obstacles.
Hier, c’est bien plus d’une coupe que les Lions ont gagnée. Cette victoire va bien au-delà d’un simple jeu de ballon. Elle est l’histoire de nos vies.
Seront-ils meilleurs demain ?
Non je ne pense pas, mais pourvu qu’ils nous donnent le courage d’aller en avant, et de les rendre nous-mêmes meilleurs.
Je voudrais vous promettre que cette coupe n’est que le début de grandes victoires pour le Sénégal, mais personne ne peut prévoir le futur.
Mais d’une chose je suis sûr : c’est que je continuerais à soutenir le Sénégal pour toujours, quel que soit son sort.
En attendant son arrivée au Sénégal, Lorenzo savoure tranquillement le premier sacre continental de la bande à Aliou Cissé.
Abdou Marie Dia pour xibaaru.sn