Sénégal : Chronique d’un hold-up préélectoral
Depuis sa réélection à la tête de l’État en mars 2019, Macky Sall et le système qu’il a mis en place s’emploient méthodiquement à enfoncer la république dans l’abîme.
Nos institutions ne fonctionnent plus sur la base de valeurs et de principes. Elles tanguent plutôt au gré du desiderata des tenants du pouvoir qui jouent quotidiennement à soumettre notre pays aux tourments qui lui font perdre ses repères.
*Les étapes d’un hold-up préélectoral*.
Après avoir reporté à deux reprises les élections locales et législatives, le président Macky Sall fixe par décret N°2021-562 du 10 mai 2021 ,la date du prochain scrutin pour le renouvellement du mandat des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022.
Le 26 Juliet 2021,il signe un autre décret 2021-976 , instituant une révision exceptionnelle des listes électorales du 31 Juliet au 14 septembre 2021.
En cette circonstance une commission administrative et itinérante est prévue pour chaque commune. Sa composition est fixée par arrêté du préfet ou du sous-préfet de la localité.
Ces commissions ont pour mission .
-De procéder à l’inscription de nouveaux électeurs,de prendre en charge des demandes de changement de circonscriptions ou d’adresses électorales.
– De la radiation d’électeurs décédés et de ceux qui ne sont pas éligibles du fait de la loi.
– Elle doit également procéder à la distribution de cartes d’électeurs et du changement de statut d’un militaire redevenu civil.
_*Retour à une culture politique féodale*_.
L’analyse nous emmène à nous interroger si la dévolution du pouvoir par le truchement du jeu électoral démocratique n’est -elle pas séquestrée par une tare anthropologique de la culture démocratique des peuples africains ?
Cette problématique est doublement fondamentale tant au niveau de sa pertinence que de son actualité. En effet quoique limitée par les processus électoraux en cours dans nos États dits modernes, elle nous donne l’opportunité de mener une réflexion panoramique sur l’état de déliquescence avancée des pouvoirs publics au Sénégal.
_*La caution très chère ,un garde-fou*_
Malgré la recommandation des experts évaluateurs ,de fixer la caution à une somme raisonnable afin de ne pas enfreindre la liberté de candidature, le gouvernement de Macky Sall a imposé la somme faramineuse de 15 millions de nos francs pour chaque candidat qui veut briguer les suffrages de la commune ou du département..
Juste un moyen de censurer ou d’exclure des citoyens qui bénéficient de la confiance de la base..
_*Le transfert d’électeurs*_.
Certains maires et conseillers municipaux qui ont perdu la légitimité populaire dans leur base vont chercher en dehors du périmètre communal des électeurs pour les inscrire dans leur liste.
Comme ce fut le cas à THILOGNE lors du passage de la commission départementale électorale pour l’établissement des cartes nationales d’identités du 18 au 20 août 2021.
Le maire de connivence avec les délégués de quartiers et des « autorisés administratifs » avait sciemment inclus les localités de Ndioumyel et Taabe qui ne font pas partie du périmètre communal de Thilogne.
Ils étaient aidés dans leur tâche par des jeunes loyalistes recrutés uniquement pour la circonstance à servir de relais entre ses intrus et la commission administrative.
Face à cette gabegie les militants du mouvement de Mamadou Elimane kane avaient tenu une conférence de presse pour dénoncer le hold-up préélectoral perpétré par le maire sortant.
A Matam une commission clandestine qui servait de transfert d’électeurs des villages environnants avec la complicité du maire a été démasqué dès le début de la révision exceptionnelle.
Dans la région de Podor
grâce à la proximité avec certains villages de la Mauritanie qui se situent à l’autre rive du fleuve Sénégal et des ressemblances linguistiques et culturelles entre les deux pays frontaliers ,des responsables de l’APR proches de Abdoulaye Daouda Diallo ont transféré en masse des mauritaniens au Sénégal pour les faire établir des cartes nationales d’identités et les inscrire dans les listes électorales.
A Dahra une commission clandestine installée dans un appartement privé , agissant sous ordre du directeur de la DAF et du ministre de l’intérieur a été démantelé.
_*Que faire pour changer le système ?*_
Nous sommes face à un questionnement difficile qui taraude les esprits de tous les démocrates de ce pays.
La réponse se trouve dans l’union de toutes les forces du progrès et de tous ceux qui sont déterminés à Lutter contre la mal gouvernance au Sénégal.
Il y’a des raisons d’espérer avec la mise sur pied de la coalition Yewi askan wi qui se prépare à gagner le combat par une démocratie participative, fondée sur un contrôle effectif et strict des autorités investies de la mission de conduire le destin de notre nation.
OUMAR SALL
écrivain.